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Du musée de la mémoria et de los derechos humanos

Ce pays, comme tous les pays du monde, a une histoire qui imprègne beaucoup son présent.
Tous les jours, les étudiants font des marches, bloquent les avenues, pour obtenir l’éducation gratuite.
Les Chiliens, de manière générale sont sensibles à ce combat. 

 

L’autre jour, un chauffeur de taxi nous dit qu’il est heureux que les jeunes n’aient plus peur de la police comme eux.

Lui, il craindrait de se faire tuer.
Il est fier de la jeunesse de son pays.
On a beau connaître quelques « mots clés » sur l’histoire de ces dernières années au Chili comme « Dictature », « Pinochet », quand on entend ces quelques mots dits par cet homme, ça nous fait réaliser que les cours d’histoire parlent de gens, de souffrance, d’humains, pris dans le destin d’un pays, d’un continent ou d’intérêts mondiaux.
 
Leur souffrance douloureuse est jeune, ils ont construit un musée de la mémoire et des droits humains. Et c’est essentiel pour eux, Chiliens, mais aussi pour des français bien chanceux de leur passé qui viennent partager leur cirque avec les habitants de cette terre.
 
Dans ce musée, il n’y a pas de traduction française, et on a beau tous faire des progrès en espagnol, il est, bien sûr, difficile pour nous de saisir les subtilités de langage nécessaires pour parler de l’histoire de millions et de millions de Chiliens.
 
De l’Argentine, nous n’avons pas beaucoup parcouru le passé; ici, les étudiants nous obligent, et tant mieux, à nous y interroger… Merci les jeunes…
 
J’avais envie de partager avec vous les dates et évènements essentiels de ces dernières années au Chili.
Le musée est carré, imposant, lumineux et moderne.
 
Le premier événement dont il nous parle c’est du coup d’état militaire de 1973.
A ce moment là au Chili, présidait Salvador Allende, communiste élu 2 ans avant.
Ce coup d’état a été planifié par les commandants en chef des trois armées et le chef de la police, tout ce joli monde dirigé par le général Augusto Pinochet.
 
Le mardi 11 septembre (décidément!) 1973, l’armée a mis le feu au palais de la Monéda à Santiago dans lequel résidait (ou travaillait, je ne sais pas…) Salvador Allende.
 
Sur les écrans, nous voyons cette prise d’assaut, tout cela a été filmé.
Malgré le bordel qu’on peut imaginer dans la ville, les lignes téléphoniques et les radios n’ont pas été coupées. Le président, Allende a alors fait un discours, en direct du Palais pour le peuple Chilien. Une borne nous permet d’écouter ses mots dits avec une voix qui semble calme, bizarrement… quelques minutes après, il décidait de se suicider dans le palais avant que l’armée ne le chasse.
Une photo nous montre que pendant ce temps là, un couple est en train de s’embrasser à coté des flammes, sur la grande place. La nature de leur étreinte nous parle de ce grand bouleversement qu’ils sont en train de vivre. Ils en ont conscience. Ca se voit.
 
Nous continuons notre chemin. Et nous voilà plongés dans l’horreur de la Dictature.
 
A la suite du coup d’Etat, Pinochet et tous ses potes militaires ont dissolu le Congrès National, les Conseils Municipaux, les syndicats et les partis politiques. Liberté de la presse: Stop! Et couvre-feu: Bienvenido!
 
Des cahiers d’enfant sont exposés. La mort, la faim, le feu trônent sur leurs dessins.
 
Plus loin, la carte du Chili. Et des centaines de petites points lumineux dessus. Chaque point représente un centre d’incarcération.
 
Plus loin encore, croquis sur les engins de torture mis en place.
Les chambres de torture étaient créées dans des maisons particulières de partisans du régime. Et il n’en manquait pas…
Toutes les personnes ayant des actions ou paroles un peu « trop proches du socialisme » se retrouvaient face à l’armée et à ses violences. Ils étaient alors exilés (dans le meilleur des cas), torturés ou exécutés.
Des témoignages filmés passent sur les grands écrans. Témoignages de torture.
 
On continue, et nous voilà nez à nez devant un ordinateur.
Cette machine porte dans son ventre tous les noms des disparus pendant ce régime.
 
« Où est ma fille, mon mari, mon frère? »
Des panneaux interrogatifs d’il y a 25 ans.
Des photos d’attente, de tristesse, de foule rassemblée et solidaire.
 
Des photos de visages qui se sont éteints après exécutions, tortures, couvrent le grand mur du deuxième étage. Certains cadres sont vides.
 
Dans le couloir du fond, la presse internationale.
Impossible de ne pas se demander ce que les autres pays ont fait, ce que la France a fait.
Une image de l’ONU. Un dessin. L’ONU demande à Pinochet qu’il leur explique ce que sont devenus ces gens. Pinochet leur dit qu’il n’en sait rien et qu’il va dès que possible faire une enquête à ce sujet. Il ne l’a jamais fait. L’ONU se désolidarise du pays Chilien… voilà ce que l’on croit comprendre de la réaction internationale à travers un croquis…
Impossible aussi de ne pas se dire… « Aujourd’hui, pendant ce temps, des peuples comme eux, crèvent la dalle et se font buter pour une pensée différente. »
 
Plus loin, les couleurs arrivent dans les écrans.
Nous apercevons des sourires, une grande fête.
 
En 1988, un référendum demande au peuple si il veut ou pas continuer ce régime pendant 8 ans. Ce référendum plébiscitaire faisait parti de la constitution transitoire du régime de Pinochet.
Le NON gagne le pays!!!
Les gens sortent dans la rue, pleurent, font péter la bouteille de champagne! C’est ce que nous voyons à la fin du musée, à la télévision.
Le non a gagné oui, mais à 53%. Il y a encore beaucoup de partisans de Pinochet au Chili aujourd’hui. Et pourtant, d’après ce que nous disent les écrits, les images, tout le monde mourrait de faim et le travail était devenu une denrée rare. Mais l’ordre régnait grâce à la terreur, et ça pour certains, c’est rassurant.
 
Les sourires triomphants des jeunes sur les images nous rappellent toujours les étudiants d’aujourd’hui qui bloquent les bâtiments. Ce ne sont pas les mêmes, peut-être leurs enfants.
Ce n’est plus la dictature au Chili, c’est bien fini. Mais si on était nés ici, chacun de nous l’aurait vécu dans sa plus tendre enfance, et ça quand on y pense, c’est un peu con, mais ça aide à comprendre. Ca aide à comprendre la peur. Ca aide à comprendre pourquoi le mot liberté ici sonne loin, sonne fort.
 
Hier soir, dans le spectacle : Moïse et son « viva la dictatura! » suivi de son « cassage de gueule », et, Sébi et sa hâche qui le poursuit furieux….
Et tout ça en présence de Chiliens de tous les âges, et tout ça joué dans un théâtre qui travaille aussi avec le ministère de la culture du pays…
 
…ça fout des frissons…
 
Vive les étudiants, vive l’école et l’éducation gratuite, vive l’art!!!
 
Profitons de notre liberté amigos et battons-nous pour elle…
 
émilie
 

Séminaires Galapiat au Circo del mundo

Stage de mât chinois, bascules, acrobatie, trapèze ballant de 10h à 14h (16h!) pendant trois jours au Circo del mundo à Santiago au Chili. El Circo del mundo est un des très rares endroits ici où le cirque y est enseigné en formation professionnelle.
Nous avons assisté au spectacle de fin d’année de la fin de la formation.
Nous sommes loin de la fraîche naïveté du jeu argentin. Le show a un goût plus américain pour nous, petits français. Certains galapiats parlent d’une influence « cirque du soleil »… possible…
 
Ceux qui participent au séminaire sont, pour la plupart élèves dans cette école.
Elice, Lucho, Sébas, Moïse, Jonas et Sébi se sont interrogés sur ce qui leur semblait pertinent de travailler avec eux.
De 10h à 12h, c’est Technique. 4 groupes sont dispersés dans ce grand espace.
Dans le grand chapiteau, Jonas et son cours d’énergie explosive, acrobatique, philosophique.

Dehors, le chef du mât chinois et de la grâce à la verticale c’est Moïse.
Juste à côté, à la grande bascule, Lucho tient les rennes de la longe avec patience et droiture.
Dans le petit chapiteau, le Séba et le Sébi font du « pica/pica » à deux voix sur la coréenne chilienne.
A partir de 12h ou 12h30 ou 14h30! Le Top One est à l’Honneur! Nouveau jeu créatif galapiesque!
Mais le top 1 qu’est ce que c’est?
Ce que tu sais faire de mieux dans ta vie, tu le montres! Faire une action claire.
Quelques exemples: une jeune fille monte sur deux de ses camarades qui font indéniablement le cheval. Après quelques tours de piste, elle fait faire des roulements de tambour au public, puis dans un silence (presque) religieux elle balance un énorme ROT!
Une autre décide de faire une colonne à trois brisée en clown. Elle ne l’a jamais fait et souhaite vaincre sa peur.
Toutes ces propositions percutantes doivent durer maximum 2 minutes Chrono!
Ah oui… j’oubliais il faut dire pourquoi on a choisi ce Top 1 là… imaginez le rot, et tout ça… pas si facile d’en donner les causes…
Le moment de la représentation fait de nous des sales gamins impatients, on a envie de rire, d’être étonnés, de s’exclamer de la connerie, du truc génial ou de l’audace du voisin d’en face…
Et, on rit… on rit beaucoup…
Le 2ème jour. Re-travail sur le Top 1 proposé la veille. Mais cette fois-ci avec une contrainte en plus, c’était pas assez dingue!
Et la fille du cheval a du se gratter le cul pendant ses 2 minutes autorisées… sans oublier son rot bien entendu…
Et le jeune jongleur a du s’enlever une fringue à chaque fois qu’il faisait tomber une massue… le public s’est alors transformé en furie!
L’élève acrobate a du réussir ses 2 figures au sol alors que tout le monde lui balançait des chaussettes dans la figure…
Et on a ri… Encore plus fort!
 
Le Top 1 ou l’art de se lancer des défis, de se mettre des contraintes, de faire tout ça en direct au centre de la piste pendant que le public se régale de me voir galérer!
 
C’est un peu ça le cirque contemporain non???
 
🙂
 
émilie
 

Continuer

Nos pieds sont maintenant posés sur la terre chilienne.
Le groupe s’est retrouvé dans sa capitale: Santiago.
C’est le ministère de la culture qui nous accueille ici et nous le sentons sur l’ultra confort de notre quotidien. Nous ne sommes plus dans la maison de copains circassiens à guetter notre intimité.
Ici, c’est l’hôtel Nippon et un petit déjeuner à volonté!!!
On n’était plus trop habitués, on n’y a pas cru au début qu’on pouvait se servir du thé, et même du café, et même avec du lait, qu’on pouvait manger des fruits frais, et des tartines grillées et du beurre salé (ouiiiii!!!!)… bon il n’est pas bon, mais imaginez notre joie…
C’est vrai qu’on est moins proches des gens ici, qu’on apprécie le cocon de notre lit douillet. Par tout ce « luxe », il est moins facile de réaliser qu’on est à l’étranger.
Mais il faut l’accepter, ici c’est un peu un autre voyage, c’est différent; les raisons pour lesquelles nous sommes là ne sont pas tout à fait les mêmes.
Et si le ministère de la culture chilienne peut, avec notre venue, développer encore le cirque et les échanges culturels dans ce pays qui a été fermé au monde pendant des années, alors Yallah!
 
Macaréna nous a réuni pour nous parler de l’histoire du cirque au Chili et de ce qu’il s’y passe aujourd’hui. Pour elle, il y a un problème en terme de création artistique. Dans ce pays, trois spectacles par an voient le jour. C’est extrêmement peu.
Ce qu’elle souhaite Macaréna, ce qui lui tient à coeur, c’est que les artistes de Galapiat insufflent cette énergie, cette envie, cette confiance aux gens d’ici.
A travers leur Risque zérO un peu dinguo, et leurs stages ou séminaires, l’accent sera mis là, l’invitation se lancera et nous agirons tous ensemble pour que le cercle circassien soit le plus grand possible.
 
Après les vacances, chacun doit se re-mobiliser, se recentrer tout en découvrant une autre culture.
Notre aventure a déjà un mois et demi, presque deux, et c’est un travail au quotidien de rester en éveil. Les habitudes sont vite prises et l’émerveillement des premiers temps est à réveiller tous les matins avec nos têtes, nos corps et tout le reste.
la curiosité encore et continuer à partager la création, Appeler le mouvement, le risque, les émotions, le cirque. Développer toujours l’échange. Se laisser transformer par les ambiances, les rencontres, les points de vue. Ne jamais figer. Rester disponible et continuer notre travail d’une manière honnête et minutieuse comme chacun de nous aime le faire.

Lucie et Nelly sondent avec leur enregistreur et leur appareil photo les visages, les coeurs, les âmes et les histoires; à l’intérieur du groupe mais aussi dans les paysages que notre chemin dessine.

 

Luc et Gautier veillent au matériel, à la technique. Nous savons tous que si ça casse, si ça grille, si ça lâche, ils sont là, ils agissent, ils réparent.

Marine, elle travaille à la communication. Elle crée les affiches, les fly en fonction de là où l’on passe. Elle reste aussi un lien fort, essentiel entre notre présent sud américain et l’avenir de la compagnie en France et ailleurs.
Lucile est le reine référante de l’organisation générale. Elle nous concocte des plannings, des listes de contact, nous met en lien, nous explique, nous ré-explique, nous bichonne, nous ménage, nous motive.

 

 

 

 

En ce qui concerne les six spécimen/artistes, ils fédèrent tous ces rêves, cette énergie, ces transformations.
Sans Moïse, sans Sébi, sans Elice, sans Sébas, sans Jonas, sans Lucho, ce blog et tout ce partage n’existeraient sûrement pas.

Mes textes mettent souvent les artistes au centre comme sur la piste. Mais chaque personne ici apporte son savoir faire, sa passion, son enthousiasme pour que cette « machine humaine de galapiats » continue encore et encore à semer de l’envie de vivre ultra concentrée dans chaque corps et chaque esprit.
C’est de la responsabilité de chacun de nourrir, de prendre soin de cette graine, puis de semer à son tour.
Ce voyage et les conditions extérieures « extraordinaires » nous poussent, nous aident à le faire un peu plus chaque jour. Mais tout cela est fragile.
 
Ce voyage réveille ce qu’il devait réveiller.
Nous reviendrons changés chacun dans sa plus grande intimité mais aussi le groupe dans sa globalité. Des questions se posent sur l’avenir, et le sens de notre route ensemble ou seul?
Ce voyage c’est aussi le temps de réaliser comme notre vie est précieuse et qu’il faut tous les jours aller là où la source jaillit.
C’est grâce à cela que la compagnie galapiat existe, et que Risque zérO a pu naître.
Alors peu importe la forme, les changements que ça déchire parfois en nous, continuons encore afin que la vie pétille , afin que l’envie l’emporte sur nos habitudes et sur nos peurs.
 
Bonne journée à chacun de vous et merci de suivre nos pas à travers mes mots et les photos de Sébastiente.
 
 

 

 

 

 Émilie

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Après la Cordillère des Andes

Depuis le Chili, à Quintay, petit village de pêcheurs face à l’océan pacifique, le 14 Octobre 2011,
 
Nous sommes tous en vacances jusqu’à dimanche. Le cirque n’est plus, depuis quelques jours, au centre de nos journées. Impossible de vous donner des nouvelles de tout le monde; nous prenons des vacances du groupe tambien.
Certains ont déjà passé la frontière, d’autres retardent ce passage.
Pour le matériel, ça y est c’est fait!
L’équipe de choc avait été formée: Lucile, Gautier, Séba et Emilie.
Ca y est nous avons vécu la cordillère des Andes.
Des montagnes fières et brutes, un paysage de désert dans une froide atmosphère.
Certains films y ont été tournés (7 ans au Tibet par exemple); pas étonnant l’ambiance y est grandiose!
Ces montagnes, nous le savons, sont aussi pour les humains et les insectes, la traversée (ou non!) d’un pays à un autre, d’une culture à une autre.
Et, le grandeur de la roche nous parle déjà de ce difficile passage.
Le Chili a une histoire que nous connaissons mal pour l’instant. Nous savons pour l’ancienne et longue dictature et son grand protectionnisme.
 

 

 

A la porte de la cordillère ou à l’entrée de ce pays: la douane.

Les gens font la queue. Certaines files face aux bureaux: « pour sortir de l’Argentine » et d’autres « pour entrer au Chili ».
Je ne vous parlerai pas dans le détail des 6 heures et demi passées dans ce sas de papiers, de discussions, de problèmes, de négociations mais je peux quand même vous dire que ce fut un long temps d’attente, d’apparitions de problèmes, d’heureuses résolutions, de craintes, d’incompréhensions puis enfin de papiers signés et tamponnés!!! yeah.
 
En Argentine, il y a des insectes qu’au Chili, ils n’ont pas. Et ils en sont fiers les douaniers chiliens. Ils nous expliquent que c’est grâce à leurs mesures drastiques que le Chili est sain de ces « sales petites bestioles ».
Leurs mesures donc: Interdire le passage de fruits, légumes, miel et de bois brut.
Ce que nous avons du abandonner: 2 bananes et le rondin de Jojo.
Nous avons tremblé pour la bascule et tout le reste du matériel fait de bois.

 

 

Au sortir de la douane frontalière, nous avons fêté notre victoire avec un très typique hot dog mayonnaise chileno!

 C’est un tout autre pays, à n’en pas douter. Nous venons d’arriver. Nous ne pouvons nous empêcher de comparer.
L’herbe ici est plus verte, la propreté plus présente, les habitants, bien que sympathiques paraissent moins accueillants et chaleureux, l’argent s’y compte en milliers, non parce que les chiliens sont millionnaires mais parce que 1,5€ = 1000 pesos chiliens.
 
Nous sommes accueillis à 1h du matin par Nolwenn à Santiago, la capitale.
Nolwenn (française et amie grenobloise de Lucile de surcroit) a habité ici pendant un an. C’est grâce à elle et à Macarena que la compagnie Galapiat peut jouer ici dans de bonnes conditions.
 
Ce que nous savons de ce pays, ce qu’il se passe ici, ce que les gens nous ont dit:
Au Chili, il y a beaucoup d’argent et tout est privatisé, de l’école primaire à l’université. L’accès à la culture compte aussi ses privilégiés. Aujourd’hui et depuis quelques mois, les étudiants font de grosses manifestations pour réclamer l’éducation gratuite pour tous. Ils bloquent avec des chaises les entrées de bâtiments dédiés à l’enseignement, y vivent dedans et mendient leur nourriture pour résister longtemps. Le gouvernement est encore loin de céder un peu de terrain.
 
Santiago est une grande ville, nous allons y travailler pendant deux semaines.
« Risque ZérO » se donnera au Théâtre « Nescafé », lieu plutôt chic financé en partie par la fameuse marque de « petit noir ».

Puis nous irons participer à une convention de cirque dans la montagne.

Enfin, nous terminerons notre voyage de circassiens à Valparaiso, belle ville du bord de mer, au sein d’un festival dédié à l’art qui nous amène ici.
 
Macarena est une danse certes, mais aussi une dame qui travaille depuis peu au ministère de la culture au Chili. Une nouvelle branche de la culture s’est créée ces derniers mois, et c’est la voie du cirque qui s’ouvre dans ce pays.
Macarena fait de la tournée Galapiat son premier projet de cirque reconnu par le gouvernement chilien, la classe!
 
Nous allons tenter de faire rimer « Nescafé » avec « les quartiers », pour notre tournée, ou même la macarena avec la cumbia de Gilda (chanteuse argentine).
 
Comme on l’a aimé ce pays…
Allez! nous allons tenter de ne plus comparer afin d’en profiter un max.
 
 
Terre chilienne : holà!
Bienvenido al Chile amis fidèles du blog.
Bienvenido al Chile el circo galapiat…
 
 
émilie
 
 
 
 
 

Tout le monde a la clé

Dans cette escuelita, il y a des cactus, une petite cuisine, une chambre, une salle de bain, une table à maté, et des cailloux sur le sol.

 

Et puis, il y a Matias qui a de grands yeux ouverts sur le monde. Ses mots semblent venir du coeur ou d’un endroit comme ça où l’allégresse extra légère existerait.

Il vit avec une jeune demoiselle, Jimenez, qui a trois enfants/chiens. Les seules bêtes tranquilles et sans tiques ou puces qu’on ait croisés en Argentine.

Ces deux amoureux vivent dans l’escuelita. Elle, elle arrose tous les soirs les plantes qui, comme eux, respirent l’air généreux de ce lieu de vie.

 

Et puis, il y a Ronda, qui est belle comme le jour, et fine comme une feuille. Elle parle avec son sourire et ses dents et offre toute sa lumière au cirque et même plus.

 

Et puis bien sûr, Renaldo, qui a eu sûrement une vie qui ne ressemble pas à celle de ceux qui sont nés le même jour que lui, car il est né comme cela, avec ce qu’il est.

Il est là dans ce lieu atypique, il aime tout le monde et il est aimé, c’est sûr. Il distribue avec le coeur gros comme son ventre, des câlins à tout le monde, comme ça, pour rien, toute la journée, et exige que tout le monde, comme lui, s’embrasse sans s’arrêter.

 

Et puis aussi y’a Dany, qui est sourd comme un pot. Un beau pot de peinture qui déborde et qui déborde. C’est un peintre génial et puis aussi punk et puis aussi sage avec ses rides d’expérience et son sourire d’enfant qui fait pleurer son regard de vieux.

 

Et y’a San Juan, le chef des jongleurs, et puis Charly le roi de la marionnette un peu philosophe, un peu révolté. Et, Lolo la trapéziste/maman à paillettes. Et aussi Marcella, qui ouvre sa maison et sa douceur à Marine et Moïse.

 

Et, puis y’a Cécilia qui se bat contre la pollution et les plantes transgéniques ultra répandues ici. Et, toutes les maladies que les humains récoltent à trop vouloir d’oseille.

Ils se battent tous pour un monde plus juste. Que l’on considère la Terre comme notre Mère.

Le hangar transformé en école de cirque coquette et chaleureuse a une toute petite porte d’entrée. Elle pourrait être, à n’en pas douter la porte de la maison des 7 nains et de Blanche neige qui ramène sa pomme. Cette porte a une serrure. Cette serrure s’ouvre à l’aide d’une clé. Et cette clé, chaque personne citée plus haut, l’a.

Si on était tous chrétiens je dirais de cet endroit que c’est la maison du bon Dieu ou du petit Jésus. Ce lieu appartient à tout le monde, et pourtant, il est, dans la réalité au père de Matias et de ses yeux heureux.

Des enfants viennent prendre des cours ici, de cirque bien sûr ou même de théâtre.

Et, tous ces gens-là avec leur grandeur d’âme, de combat et d’actions, sont heureux de nous recevoir. Ils nous attendaient avec impatience. Maintenant que nous y sommes. Ils boivent nos paroles. Nos propositions de jeu comme si ils ne voulaient pas en perdre une miette.

Ils sont magnifiques ces gens-là! Leur humilité est une leçon de vie.

Hier soir, nous avons fait une variété ensemble. Un pur bonheur!

Bon ça a commencé deux heures et demi (véridique!) après l’heure annoncée mais le public était là, en retard mais bien présent.

Leur décontraction et leur naturel détend le groupe. Et sur scène cette détente joyeuse peut même nous rendre drôle là où on était dramatique.

 

Sébi a vécu 10 minutes de piste, tout seul, avec ses couteaux, ses massues, sa balle de ping-pong et ses haches. Un aperçu, sûrement de son futur spectacle. Le public riait, frétillait, se serrait les coudes quand les lames entraient en piste. Sébi fut grand hier soir.

 

Sébas lui, déchira la scène avec Dany qui, lui, déchira son tee-shirt. Deux chanteurs un peu dingues, et deux micros qui gueulent: « A moi, personne ne me dit ce que je dois faiiiiiiire!!!! ni ma mère, ni le gouvernement, ni mon beau pèèèèèère… ». Et, tout en chantant, les deux mecs cinglés se jetaient des couches de peinture rouge sur le corps et les habits. Tout en en laissant sur scène et sur le pied de micro… on est rockeurs ou on l’est pas! Et comme clou de leur numéro de punk: une grosse galoche entre hommes!!! yeah!!!

 

Lucho était équilibriste hier, sur ses deux bras, comme ça. Pendant que Dany, et sa guitare jouaient une chanson écrite pour son grand père mort dans les mines. Sur ces mots déchirant, Lucho et ses grandes jambes résistaient à la force terrestre afin de rester suspendu comme ça, sur ses deux mains, les pieds en l’air. Ce numéro expérimental a mis de l’émotion dans ce petit hangar.

 

 

 

 

Moi, dans cette ambiance, je me suis sentie de faire un numéro de danse du ventre et puis comme c’était pas assez fou, Elice et son monstre à cheveux m’ont rejointe.

 

Il y avait aussi les marionnettes et Charly et les paillettes de Lolo. Et le numéro de tissus avec les quatre filles de l’escuelita sur l’air de « l’accordéoniste » de Piaf, répété à Lens Lestang quelques mois plus tôt. Et, y’avait aussi les jongleurs. Et le clown présentateur et Matias géniallissime et ses balles de tennis dans les verres en plastique qui nous a fait rire et nous a ému en même temps comme seuls les grands savent le faire.

 

Je vous l’ai dit les Variétés sont de mieux en mieux, et nous réalisons de plus en plus comme ça nous ouvre des moments de création.

Tout le monde, chez les galapiats en est un peu là dans sa vie d’artiste, ça tombe bien, ils en profitent, et nous tous avec eux.

 

 

 

Ce soir, je vous l’ai annoncé, ils jouent « Risque ZérO » à l’Université. Pendant que Marine et Lucile écrivent des centaines de cartes postales avec nos gueules dessus, je vous écris ce petit mot dans un café au centre de San Luis.

 

Gautier et Luc font réglages et balances dans le joli théâtre tout en bois.

Pendant que les « vagabonds/polissons » se préparent à faire frissonner la foule de cette ville tout en y déposant quelques rêves dans leurs poches.

 

 

 

Nous partirons lundi pour un autre pays. Le Chili. Peut-être pour un tout un autre monde. Certains d’entre nous n’ont pas envie de quitter cette terre argentine. C’est vrai que le monde vu de ce pays il est bien beau. Et surtout les humains, vus de cette partie de la planète, ça donne des ailes et ça rend fier!

Bon nous n’avons fait que passer. Nous n’avons peut-être pas eu le temps de voir les côtés sombres de toutes ces petites têtes.

Mais, je vous assure les amis, cette générosité et cette humilité, ça nous donne des leçons et ça fout des espoirs dans nos horizons.

 

 

 

 

Je vous quitte pour un bon bout de temps car nous nous séparons durant une semaine. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions tous à Santiago au Chili. C’est les vacances pour chacun de nous et ça, ça ne se raconte pas sur notre blog…

 

En attendant de vous retrouver du côté du Pacifique, je vous souhaite une délicieuse semaine sur cette vaste planète bien belle…

 

émilie