Rio Cuarto. Atterrissage dans la pampa.
10h de route. Un 4×4 de princesses avec un chauffeur à sa tête. Et, puis dans l’autre véhicule, ça chahute, ça se bat, y’a plein de gars !
Buenos Aires est derrière nous. Les personnes rencontrées, les moments partagés et toutes les images que nous avons de nos premiers moments en Argentine font partie de la ribambelle de souvenirs qui appartient à chacun…
Ligne droite après ligne droite, mais aussi mille champs transgéniques après, les deux voitures aux vitres fumées (ouais bon, on en est pas très fiers ) entrent dans Rio Cuarto…
C’est une ville (plutôt grande) et pourtant sortis de Bs As, il nous semble entrer dans un village rempli de maisonnettes.
Beaucoup de routes laissent encore respirer la terre. Mais toujours beaucoup de voitures.
C’est sûrement pour ces deux raisons que j’ai tout de suite envie d’appeler cet endroit « la ville de poussière ».
Lucile nous avait prévenu qu’ici, il y avait Chuca. Mais aussi toutes les attentes des habitants, des circassiens, et toute cette joie de nous accueillir. On a beau l’entendre, tant qu’on le vit pas…
On arrive dans un hangar qui sert de salle d’entraînement et de répétition à Chuca,( l’homme central ici qui s’occupe de l’organisation de ces trois futures semaines) ainsi qu’à tous ses acolytes. A l’entrée un panneau avec affichettes de risque zéro, mais aussi les articles déjà sorties annonçant notre venue (« des circassiens français viennent à Rio Cuarto c’est incroyable ! ») oh la vache ! avec des heures de route dans les pattes, de la fatigue dans la tête et le cul qui fait mal à cause de la voiture, ça fait un peu flipper… est-ce qu’on sera à la hauteur ?
Avant de tenter de relever le défi, nous avons un jour (et une nuit) de repos. Il nous propose de nous poser (quelques heures) dans la maison de ses parents à la campagne. Elle est à une heure d’ici. Nous y allons, pas tous, mais pour la plupart. Un endroit magique. Un village paumé dans la pampa. Une rivière juste à côté…. Waou…
Excepté le fait que Chuca nous prête la maison de famille pour nous reposer, il est prévu qu’il nous paye toute la bouffe pendant le séjour. Chuca, c’est pas un mec qui a du fric, (il vit dans son hangar), alors pour payer la nourriture de nous 13, il a joué au moins deux fois par jour son cabaret de cirque, et il ne s’est pas payé depuis un moment afin de mettre ces sous-là de côté… vous admettrez (peut-être) que ce n’est pas si facile à assumer…
Bien sûr nous sommes loin du luxe du tango, du country et du zen à Buenos Aires, nous dormons tous chez Lian( juste un mec trop sympa). Un jardin peut accueillir quelques tentes, et puis des matelas sont éparpillés dans sa grande maison. Mais aussi des habitants de quartiers périphériques n’arrêtent pas de nous lancer des invitations.
Chuca travaille pour un Circo Social lui aussi. Il fait un travail remarquable avec les enfants des quartiers. Et bosse surtout pour l’ouverture des habitants de Rio Cuarto. C’est pour cela qu’il nous fait venir avec son enthousiasme et sa gentillesse. C’est pour cela qu’il se prive de pesos, pour que quelques frenchies viennent risquer leur cirque, mais aussi bien d’autres artistes d’Argentine ou d’ailleurs.
Il est impossible de vous faire le portrait de toutes les belles personnes que nous avons la chance de rencontrer. Mais, je tente de vous faire partager leur état d’esprit, leur simplicité qui nous émerveillent tous les jours, et qui, bien sûr nous amènent indirectement à nous poser des questions sur nous même.
Nous découvrons le planning bien chargé d’ici. Chuca veut que le plus de monde possible nous voit, partage des moments avec nous. Nous sommes touchés de cela. Mais il est vrai qu’en découvrant le planning nous ne pouvons nous empêcher de rêver de moments vides qui nous laisseraient découvrir cette ville à notre façon.
Le groupe mène son propre rythme et chaque individu a son moment de désolation par rapport à lui. De plus, nous savons que les transports en commun plus rares ne nous permettent plus d’être autant autonomes qu’à Buenos Aires. Nous avons deux voitures, c’est beaucoup, mais ça nous demande d’être souvent ensemble. Les repères sont bousculés et c’est dans ces moments-là que nous avons tous besoin de façon différente d’être entendu, réconforté ou seul tout simplement.
Ici, ce n’est pas la même Argentine qu’à Buenos. La langue, par exemple porte un autre accent.
(C’était pourtant évident. Quand nous pensons à nos pays nous connaissons pourtant la diversité et la spécificité de chaque région. )
Bon, nous avons quand même quelques repères : le maté et puis la viande et puis tout ça.
Nous ne sommes pas partis pour un voyage mais bien pour plusieurs, je le réalise. Chaque lieu porte une histoire singulière. Les raisons de notre présence appartiennent à chaque personne qui nous accueille.
Lucile a fait un travail de titan ces derniers mois. On a beau le savoir mais quand on le voit, ça décoiffe…
Ce ne serait pas une grande, une très grande personne elle aussi ?!
On le savait pourtant mais là…
emilie