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Adios Buenos Aires, Bienvenido a Rio Cuarto !

Rio Cuarto. Atterrissage dans la pampa.
10h de route. Un 4×4 de princesses avec un chauffeur à sa tête. Et, puis dans l’autre véhicule, ça chahute, ça se bat, y’a plein de gars !
Buenos Aires est derrière nous. Les personnes rencontrées, les moments partagés et toutes les images que nous avons de nos premiers moments en Argentine font partie de la ribambelle de souvenirs qui appartient à chacun…
Ligne droite après ligne droite, mais aussi mille champs transgéniques après, les deux voitures aux vitres fumées (ouais bon, on en est pas très fiers ) entrent dans Rio Cuarto…
C’est une ville (plutôt grande) et pourtant sortis de Bs As, il nous semble entrer dans un village rempli de maisonnettes.
Beaucoup de routes laissent encore respirer la terre. Mais toujours beaucoup de voitures.
C’est sûrement pour ces deux raisons que j’ai tout de suite envie d’appeler cet endroit « la ville de poussière ».
Lucile nous avait prévenu qu’ici, il y avait Chuca. Mais aussi toutes les attentes des habitants, des circassiens, et toute cette joie de nous accueillir. On a beau l’entendre, tant qu’on le vit pas…
On arrive dans un hangar qui sert de salle d’entraînement et de répétition à Chuca,( l’homme central ici qui s’occupe de l’organisation de ces trois futures semaines) ainsi qu’à tous ses acolytes. A l’entrée un panneau avec affichettes de risque zéro, mais aussi les articles déjà sorties annonçant notre venue (« des circassiens français viennent à Rio Cuarto c’est incroyable ! ») oh la vache ! avec des heures de route dans les pattes, de la fatigue dans la tête et le cul qui fait mal à cause de la voiture, ça fait un peu flipper… est-ce qu’on sera à la hauteur ?
Avant de tenter de relever le défi, nous avons un jour (et une nuit) de repos. Il nous propose de nous poser (quelques heures) dans la maison de ses parents à la campagne. Elle est à une heure d’ici. Nous y allons, pas tous, mais pour la plupart. Un endroit magique. Un village paumé dans la pampa. Une rivière juste à côté…. Waou…
Excepté le fait que Chuca nous prête la maison de famille pour nous reposer, il est prévu qu’il nous paye toute la bouffe pendant le séjour. Chuca, c’est pas un mec qui a du fric, (il vit dans son hangar), alors pour payer la nourriture de nous 13, il a joué au moins deux fois par jour son cabaret de cirque, et il ne s’est pas payé depuis un moment afin de mettre ces sous-là de côté… vous admettrez (peut-être) que ce n’est pas si facile à assumer…
Bien sûr nous sommes loin du luxe du tango, du country et du zen à Buenos Aires, nous dormons tous chez Lian( juste un mec trop sympa). Un jardin peut accueillir quelques tentes, et puis des matelas sont éparpillés dans sa grande maison. Mais aussi des habitants de quartiers périphériques n’arrêtent pas de nous lancer des invitations.
Chuca travaille pour un Circo Social lui aussi. Il fait un travail remarquable avec les enfants des quartiers. Et bosse surtout pour l’ouverture des habitants de Rio Cuarto. C’est pour cela qu’il nous fait venir avec son enthousiasme et sa gentillesse. C’est pour cela qu’il se prive de pesos, pour que quelques frenchies viennent risquer leur cirque, mais aussi bien d’autres artistes d’Argentine ou d’ailleurs.
Il est impossible de vous faire le portrait de toutes les belles personnes que nous avons la chance de rencontrer. Mais, je tente de vous faire partager leur état d’esprit, leur simplicité qui nous émerveillent tous les jours, et qui, bien sûr nous amènent indirectement à nous poser des questions sur nous même.
Nous découvrons le planning bien chargé d’ici. Chuca veut que le plus de monde possible nous voit, partage des moments avec nous. Nous sommes touchés de cela. Mais il est vrai qu’en découvrant le planning nous ne pouvons nous empêcher de rêver de moments vides qui nous laisseraient découvrir cette ville à notre façon.
Le groupe mène son propre rythme et chaque individu a son moment de désolation par rapport à lui. De plus, nous savons que les transports en commun plus rares ne nous permettent plus d’être autant autonomes qu’à Buenos Aires. Nous avons deux voitures, c’est beaucoup, mais ça nous demande d’être souvent ensemble. Les repères sont bousculés et c’est dans ces moments-là que nous avons tous besoin de façon différente d’être entendu, réconforté ou seul tout simplement.
Ici, ce n’est pas la même Argentine qu’à Buenos. La langue, par exemple porte un autre accent.
(C’était pourtant évident. Quand nous pensons à nos pays nous connaissons pourtant la diversité et la spécificité de chaque région. )
Bon, nous avons quand même quelques repères : le maté et puis la viande et puis tout ça.
Nous ne sommes pas partis pour un voyage mais bien pour plusieurs, je le réalise. Chaque lieu porte une histoire singulière. Les raisons de notre présence appartiennent à chaque personne qui nous accueille.
Lucile a fait un travail de titan ces derniers mois. On a beau le savoir mais quand on le voit, ça décoiffe…
Ce ne serait pas une grande, une très grande personne elle aussi ?!
On le savait pourtant mais là…

emilie

Avant de partir de Buenos Aires

« Villa 21 ».
C’est le nom d’un quartier. Ne vous fiez pas au mot « villa » qui, peut-être, vous parle d’argent, de luxe et de piscine dans le jardin.
« Villa 21 » c’est un quartier qui n’est pas noté sur le GuiaT, c’est-à-dire le guide de la ville. C’est pas vraiment un endroit où les touristes se régalent de danser le tango…
« Villa 21 » c’est un bidon ville plus élaboré avec des maisons en dur, avec plein de couleurs, plein de drogue (nommée « le paco »), plein d’enfants, plein de chiens, plein d’énergie, plein de pieds nus, plein de football, plein d’amour.
Il y a un « comedor », ou une cantine qui s’appelle « amor y paz » (et ce ne sont pas que des mots, nous sentons que les gens qui font à manger ici le font par amour, tout simplement !)
Un drame s’est produit ici même, il y a un peu plus d’une semaine. Un enfant du quartier (Gabriel) s’est fait tué par un bus. Le silence a été de rigueur pendant quelques jours.
Le Circo Social (encore eux !)qui est à l’origine de notre venue dans le quartier a demandé l’autorisation à la famille pour donner la représentation. Ils ont dit Oui. Et ils habitent sur la place sur laquelle a été donnée le spectacle.
« Risque zérO » (ou une adaptation plus courte du spectacle) s’est joué hier soir à 18h.
Si vous aviez vu ça les amis…
On a beau être fatigués et un peu usés par ces semaines Buenos Airennes… nous avons partagé un moment Magique hier soir.
Nous étions déjà arrivés dans le quartier appelé « Villa 21 », quand je vous écrivais l’ « article » sur la Charla. J’étais justement dans le comedor, les enfants venaient me voir, me posaient des questions. Pendant que je vous parlais des aides de l’Etat, pendant que je vous parlais du jeune homme et de sa quête d’un modèle d’autonomie, les enfants me posaient des questions sur la France, me demandaient comment c’etait là-bas, me demandaient si il y a de la drogue aussi chez nous, si il y a des gens qui dorment dans la rue, si je pouvais leur donner l’ordinateur sur lequel j’écrivais !!!
La drogue est omniprésente dans les histoires des enfants, des parents, des grands-parents. Chaque famille (sûrement pas toute !) connait ce drame. Les enfants, ici portent un regard fort, puissant, presque adulte avec, en même temps leur énergie d’enfant toujours intacte.
A 16h, quelques petits du quartier se sont mis dans un costume de grand dragon vert. Les bras dehors qui tiennent des bidons de lessive avec des graines à l’intérieur pour faire de la musique ou du BRUIT !!! C’est la parade dans le quartier pour annoncer « le CircO de Francia, les Galapiattts !!!!
mmm ça sent la fiesta, c’est trop bon !
Le spectacle s’est donné à l’extérieur sur leur terrain de foot. Une place en plein cœur du quartier.
En hommage à Gabriel et à toute sa famille.
Des cordelettes ont été posées pour délimiter l’espace de jeu. Les enfants ont réussi (mas o menos) à se poser dans le public sans aller faire un tour sur scène. Par contre, pour les chiens c’était plus compliqué !
Les mots me manquent pour vous décrire l’ambiance. La vie. Les yeux brillants. Les waou ! les applaudissements spontanés.
Le public est réactif ici, plus que réactif. Quand Moïse va se cacher après son numéro, les enfants le cherchent tout simplement. Quand le chien dans le numéro de Seb aboie, les gens vont sauver le comédien !!! quoi de plus normal… à se demander même comment ça se fait que le public ne le fait pas habituellement…
Bon, pour être sincère, c’était parfois un joyeux bordel. Sébastien A a galéré un peu pour se faire entendre. (il a fallu qu’il use de son autorité naturelle… ça a marché !)
Mais il y avait Foule hier à Villa 21 et de tous les âges. Y’avait les galapiats et leur « risque zéro » sur la place des gamins. Y’avait de l’énergie. Y’avait de la joie. Y’avait comme un air de Fête de village !
A force de vous donner des superlatifs dans mes descriptions des évènements, je crains de vous lasser ou pire, de vous faire croire que les gens du Circo Social (par exemple) ne sont pas réellement extraordinaires, bref, que vous pensiez que j’exagère. Si l’on considère que mettre l’amour et la générosité au centre de son travail est une chose normale ou naturelle, ce ne sont, en effet pas des gens extraordinaires, mais d’un ordinaire déconcertant !

Aujourd’hui, c’est samedi, nous courons un peu après le temps pour arriver à l’attraper. Nous avons envie de profiter, de faire, de jouer, et en même temps, nous faisons un peu une overdose d’actions. Nous n’avons aucun moment de vide. Et, la fatigue de ces derniers jours nous donnent faim de Riens, de Vie sans calcul, sans organisation.
Ce soir, les galapiats vont jouer dans un cabaret de cirque. (le vide c’est pas pour tout de suite !)
Il y a une réunion qui va se commencer maintenant avec Manu (ou Emmanuel Oger, un pote français avec nous, dingue !). Il nous parle d’une proposition de travail à Paris pour fin 2012… nous n’avons déjà pas assez de temps pour vivre le moment présent alors nous peinons un peu à penser l’avenir !
Manu demande aux galap’ comment c’était hier soir à la « Villa 21 », ils répondent tous en cœur : « ENORME !!! »…
Bon, vous voyez que je n’exagère pas !
Demain, nous nous préparerons au départ de Buenos Aires. Pour en partir lundi à 5h du mat’ !
Nous allons dans une maison à la campagne pour 2 jours. Pour nous reposer un peu. Pour digérer et nous préparer à la suite. Je profiterai de ces quelques jours pour ne pas écrire mais vivre avec eux sans décrire ce qu’il se passe. Ne plus courir après le temps quelques heures. Juste vivre notre présent extraordinaire tout simplement…

En direct de Buenos Aires, je laisse « l’antenne » pour la reprendre dans une autre contrée à 8h de route d’ici !!! Je ne me suis pas encore renseignée sur le nom de la ville. Je vis plus qu’au présent ici. Je vous parlerai de tout ça plus tard promis !
Continuez à écrire des commentaires, ça fait du bien à toute l’équipe…

Besos Besos à Todos.

émilie

La « Charla » (le débat)

Petits trucs qui n’ont rien à voir mais qui sont trop importants:
ça y est on a la remorque!!! mais aussi deux voitures de location:
Un 4X4 qui nous permet de tirer la remorque avec tout le matos dedans, et une autre voiture pour le reste des « voyageurs fous. » yeah!
 
Merci à tous ceux qui écrivent des commentaires sur le blog, merci à vous tous de partager avec nous ces questionnements.
Ca me donne de l’énergie pour continuer à vous retranscrire ce que nous vivons.
Ce que nous avons la chance de vivre. Nous avons pu faire ce voyage grâce à l’Institut français, grâce à l’Ambassade française, grâce à la région de Bretagne, grâce à tellement de gens qui nous ont fait confiance. En vous écrivant ce qu’il s’est passé pendant ce débat, je suis pleine de reconnaissance par rapport à ces personnes, et à ces aides sans qui nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons. Merci.
 
Bon, parlons de la fameuse Charla de mercredi soir organisée par le Circo Social del Sur.
 
Un cercle se forme petit à petit. Un cercle formé par nous tous venus discuter, écouter.
Ce cercle est mouvant, bien vivant, il s’agrandit ou se rétrécit tout au long de la soirée.
Mariana et Pablo (circo social) se chargent de l’introduction.
Pablo propose un tour de table (sans table!) : « Que chacun se présente, nous dise d’où il vient et ce qui l’a motivé à venir ici, ce soir. »
Nous sommes nombreux, nous parlons de nous comme on nous a proposé de le faire avec une discipline exemplaire.
Pablo conclut: « Nous venons de 20 lieux, ou compagnies de cirque différents » (ah quand même…)
 
Après les présentations de rigueur, les galapiats sont invités à raconter leur histoire.
Ils se regardent, hésitent, n’osent pas.
Lucile prend finalement la parole, tout en s’excusant un peu de parler de nous.
Sébastien (A) la seconde, puis c’est au tour d’Elice.
Je ne vais pas ici vous conter leur histoire, vous la connaissez pour la plupart. Sinon, je vous invite à visiter leur site (www.galapiat-cirque.fr) ou à venir carrément les rencontrer au festival « Tant qu’il y aura des mouettes! » au mois d’avril. Vous comprendrez tout seul! 🙂
 
Pendant le récit, ça fuse de questions dirigées aux français:
« Comment ça se passe en France? » Pour les aides de l’Etat en particulier.
C’est une grande question ici car ça n’existe pas en Argentine, et nous le verrons à travers plusieurs témoignages, dans plusieurs pays d’Amérique Latine également.
Mais ceux qui intéressent aussi beaucoup, ce sont les choix de vie des galapiats: itinérance, vie en collectivité, chapiteau, caravanes, motivations individuelles et collectives…
Ici très peu de gens (ou peut-être même personne?) vit de la production de spectacles.
Tous les artistes donnent des cours, ou font un métier à côté pour arriver à vivre.
Il est impossible dans ces conditions d’envisager de faire des tournées, de voyager comme les galapiats le font.
Mais ça les fait rêver, il nous le disent, et pas que rêver…
Ce débat est organisé pour changer des regards, pour changer des choses concrètement et non pas pour comparer bêtement nos différences de fonctionnement.
Les français parlent, un tour chacun, à leur manière. Nous n’avons bien sûr pas la même façon de voir les choses et tant mieux car nous faisons parfois des généralités un peu faciles qui ne correspondent pas à la réalité de notre pays.
 
Dans les yeux des autres, on sent de l’admiration mais pas que.
Un jeune homme prend la parole: « vous semblez avoir beaucoup d’aides de l’état, mais que faites-vous de tout ça? Nous, nous avons beaucoup d’énergie pour créer, pour faire ensemble? Et, vous, je me pose cette question: est-ce que vous ne perdez pas votre autonomie, ou votre énergie à cause de tant d’argent? »
 
Silence.
 
C’est une question qu’il est bon de se poser, non?
 
Nous tentons d’y répondre un peu maladroitement.
Notre culpabilité de toucher des sous (nous ne sommes quand même pas milliardaires, mais en comparaison, il est vrai que les sommes d’argent qu’on nous donne sont importantes) que eux ne touchent pas se fait sentir.
Mais ça met le doigts sur des questions, (je pense) que chaque compagnie devrait peut-être se poser.
Ne devrions-nous pas être plus vigilants à rester intègres avec ce(ux) qu’on défend?
Est-ce que les sous ne nous endorment pas parfois? Est-ce que nous faisons des compromis qui affaiblissent notre combat? Nos valeurs?
La culpabilité ne nous mènera nulle part, ces questionnements là, semblent plus fertiles sans nul doute.
 
Le jeune homme qui a pris la parole recherche des modèles d’autonomie afin de garder intacte la liberté de pensée et d’expression.
Nous disons qu’aujourd’hui en France les seuls qui ont un fonctionnement autonome dans le cirque, ce sont les cirques traditionnels, et ils ne se portent pas bien. Il est très difficile de vivre ainsi.
Nous reconnaissons que, parfois nous faisons des choix qui ne sont pas en accord avec ce que nous voulons défendre. Cela nous arrive mais c’est assez rare.
Nous reconnaissons aussi notre liberté et notre grande chance d’avoir des aides publiques afin de réaliser notre rêve.
Le jeune argentin nous répond qu’il n’a aucune réponse mais seulement des questionnements sur les modèles existants qui lui semblent imparfaits.
 
Elice prend la parole: « Bon, nous parlons beaucoup de nous, mais ce qui est important pour nous c’est de savoir comment ça se passe ici, comment vous faites, vous? »
Des sourires apparaissent sur les visages, touchés sûrement par cette pertinente parole.
 
De nombreuses expériences se partagent alors. Les gens sont venus de loin parfois. Une colombienne est là depuis quelques mois:
« Je suis de Colombie et là-bas c’est beaucoup plus difficile qu’ici. C’est pour cela que je suis là. Ce que je trouve incroyable, c’est qu’ici il y a même une formation gratuite à l’université pour les gens qui veulent faire du cirque (cela fait un an en effet que ça existe à Buenos Aires). Chez moi, c’est très dur. C’est même impossible de prendre des cours. Je suis très enthousiaste ici sur ce que je vois. »
Une autre jeune fille nous parle de chez elle, en Uruguay:
« Là-bas, il y a comme un pacte silencieux. Rien ne se passe pour le cirque. Rien. Et tous les artistes veulent partir pour apprendre ailleurs puis revenir ensuite pour partager avec les autres. Personne n’en parle là-bas, mais tout le monde pense comme cela, c’est pour ça que je l’appelle « le pacte silencieux ».
 
L’Argentine est loin d’être le pays le plus pauvre, et le plus en demande en Amérique du sud. C’est ce dont ces témoignages parlent. Ca pousse encore nos frontières dans la réflexion.
 
Les argentins, ensuite, parlent de leur énergie débordante, de leur solidarité.
Ils disent qu’ils font beaucoup, beaucoup de choses avec peu de choses. Ils disent qu’il faut se récompenser de cela et non se sous estimer.
Ils disent aussi qu’un peu plus de reconnaissance de l’Etat ou des institutions ne seraient pas nuisibles à toute cette effervescence.
 
Pablo dit au jeune homme de tout à l’heure: « Chaque artiste ici est un exemple d’autonomie, non? »
Bien vu et bien vrai!
 
Nous continuons à parler avec un peu plus de fatigue.
Certains commencent à partir de la salle.
Nous, on reste un peu pour partager la cerveza (la bière)!!!
 
Ce soir, les galapiats se sont souvenus aussi qu’au début ils n’avaient rien, et qu’ils n’ont pas attendu d’avoir de l’argent pour créer. Ils l’ont dit. Ils ont d’abord fait, semé puis récolté. Ils le disent. Pablo sourit. C’est ce qu’ils font, eux aussi. Avec tellement d’enthousiasme, de générosité.
Nous pourrions nous remercier sans fin tellement nous sommes heureux, heureux de cet extraordinaire partage.
Nous nous faisons des câlins comme c’est la coutume ici.
Nous nous embrassons avec les bras, les yeux et le coeur.
Nous trinquons, au présent, à l’avenir, à la vie.
Nous sommes heureux d’être ensemble…
 
Chin chin amigos 🙂
 
émilie
 

Apprendre à s’envoyer en l’air en groupe (avec le sourire et en toute sécurité) avec Sébastien Armengol et Lucho Smit.

La bascule à Konex.
C’est le troisième jour et le dernier pour ce séminaire.
Après un exercice d’échauffement à la bascule dite la Coréenne, Lucho parle à ses troupes :
« On a plus besoin de se parler, tout se fait, s’organise tranquillement, je suis content de cela. » Il félicite les jeunes soldats courageux.
Cela fait trois jours qu’ils travaillent. Je n’étais pas là avant, j’arrive à la fin, on sent le groupe soudé, détendu et concentré autour de la même cause.
Il n’y a que des hommes, exceptée une jeune fille : Delphina, débutante de surcroit.
Sur le tee-shirt de la téméraire : «j’aime bien les moustaches » (écrit en français) c’est anecdotique là aussi, un petit clin d’œil humoristique vite fait  ça coûte pas cher et ça fait du bien!
Ils parlent technique, là aussi ils se comprennent entre eux (sauf Delphina peut-être?). La technique dépasse les langues. « pica pica etc » moi, je ne comprends rien. Mais j’imagine ce que cela peut bien être un « pica pica »… et c’est pas mal comme exercice, non?
Ils font de la coréenne.(à cause de la douane grrrrr) Ou petite bascule. La technique est différente. C’est ceux qu’ils m’ont dit.
Bref.
Deux sautent, les autres sont autour. Ca tape dans le dos pour se relayer. Ca ne s’arrête jamais. C’est le but. Ils sont dix en tout. Ca roule, ça saute, ça vole, ça tourne, ça fonctionne.
Le groupe est très important ici à Konex. L’écoute et le travail de groupe priment sur le reste. C’est la coréenne qui veut ça… et c’est beau à voir.
Yves-Marie est là aussi sur la planche qui s’agite. Ainsi que toute sa puissance d’Hercule.
Sébas s’occupe de Delphina. La seule qui ne sait pas faire de cet engin à propulsion. Il ne suffit pas de décoller, il faut rester dans l’axe afin de retomber sur le coussin, afin que la machine ne s’arrête jamais… il lui explique la technique… Delphina décolle avec la grâce, les pointes et ses grands yeux mais pas encore avec la constance verticalité de ces hommes.
Pendant ce temps (ou à peu près, il n’y a qu’une bascule!), les hommes et leur constance verticale commencent à faire des saltos!
Un gars saute dans tous les sens. Deux poussent (ou saute de l’autre côté pour faire contre poids). Deux sont au tapis (ou à la petite mousse!). Une personne est au catch (derrière au cas où)… les autres veillent. Vu l’organisation on se doute que c’est un truc pour « dingues » cette machine! (la suite nous le confirmera!!!)
Ce qu’il se dit pendant, ou après les sauts, retours dirigés aux Argentins: « il faut dégainer plus vite les gars! O mas pistola! (jeux de mots fait par un homme pour des hommes à connotation sexuelle. Sébastien qui, lui dégaine très vite en terme de saut à la bascule bien sûr, est l’exemple en la matière… il est fier notre français!)
Le moment de gloire d’Yves-Marie: Sébas a insisté pour qu’il enlève la longe hier. Il l’a fait. Aujourd’hui, voilà l’homme qui nous fait un saut de l’ange inversé o « el salto mortal » tout seul comme un grand. Tout le monde applaudit. Il a le sourire qui se répand jusque dans le public. Il tape dans la main de Sébas. Il est heureux notre Yves-Marie!
Sébas boit le maté (ah! Je n’ai pas encore parlé du maté! Tout le monde en boit tout le temps ici, c’est une boisson dite naturelle qui est entre le thé et le café, et qui, quand on en boit trop a la même effet que le red bull, pas sûr pour nous, français que ce soit si naturel! Je vous invite à chercher photos et autres précisions sur le sujet sur internet…), donne des explications ou conseils aux sauteurs, saute lui aussi, vole, tourne, prend des photos, répond au téléphone (car il s’occupe de la location des voitures pour récupérer notre remorque 🙂 mais aussi pour continuer le voyage), prend soin de Delphina en pur gentleman et va faire des besos à sa copine qui est train d’écrire sur lui! Du pur Sébastien comme on l’aime!
Lucho veille, cadre, félicite, calme les troupes quand c’est nécessaire, reparle sécurité et se réjouit du travail effectué!
Bien complémentaires ces deux-là! Bonne équipe!
Travail à la longe. Waou!!!
Chacun passe et se teste. La longe permet cela. De repousser les limites. Quand vient le moment où Lucho propose d’enlever la sécurité. Ca tremble dans le public. La concentration se fait plus dense. À la fin, les applaudissements sont accompagnés de notre soulagement.
Seb commence par la longe lui aussi. Puis, il l’enlève. La tension est moins grande (d’autres sont passés avant lui)… et puis il a l’habitude…Il est en l’air, il prend peur (nous aussi), son saut n’avance pas, le tapis réagit, tout le monde est là, disponible mais ça va si vite… les pieds atterrissent bien sur le tapis mais le reste, le cul, la tête etc, se cognent contre le béton de la salle. Aï.
Il se relève et dit « ça va, ça va ».
Il nous montre ses fesses (comme d’habitude!), c’est un peu rouge. Beaucoup de peur, peu de mal. Impossible de se détendre trop ici sinon c’est la chute…
Après la chute, la photo de famille, de groupe, de compagnons de route, de voyages, de sauts, de dinguitude!!! yeah!!!
émilie