Faire la vache shakespearienne en Argentine

Anglais, Espagnol

Nous voici depuis deux jours à Villa Mercedes. Ville plutôt grande du centre Argentine. C’est la ville la plus friquée qu’on ait rencontrée. Ca se sent dans l’architecture. La place sur laquelle va jouer « Risque ZérO » aujourd’hui est presque luxueuse.

Pelaso est clown. De part sa coupe de cheveux et ses habits nous le reconnaissons vite. Il organise un festival de Clown/Circo depuis 5 ans : « Chapa Chapita Chapon » (à dire ensemble en gueulant et en faisant de grands gestes… pour être dans l’esprit du festival bien sûr…) Il a une organisation anarchiste, c’est ce qu’il nous dit en arrivant. Je n’ai rien contre les anarchistes, mais dit comme ça, ça m’a un peu fait peur. Il s’avère que l’anarchiste Pelaso est entouré de sa femme et d’autres organisateurs, certes baba cool, mais très efficaces. Ca roule…

Nous dormons tous dans une maison… même plus peur ! On est rôdés !

Petit hommage sur ce blog à la nourriture végétarienne et surtout équilibrée qu’ils préparent pour toutes les équipes du festival ! C’était absolument nécessaire, indispensable dans notre parcours culinaire argentin. Entre les machines ultra puissantes à la laverie et la nourriture plus que nourrissante, nous commencions à ne plus rentrer dans nos fringues !

Nos galap’ ont déjà fait une variété ici au sein d’un quartier, dans un comedor (une cantine). A chaque fois, c’est l’évènement pour les gens qui nous accueillent. Nancy travaille dans un magasin et fait vivre ce comedor depuis des années. Elle connait toutes les familles, et elle sait que ce moment sera précieux pour les habitants d’ici.

Le lendemain de notre passage, les enfants dessinaient des acrobaties, des massues volantes, des femmes à la crinière noire… la tornade « galapiat » était passée.

L’accueil est toujours dantesque dans chaque lieu, dans chaque ville, village, quartier. Les artistes essaient de donner le meilleur. Pas toujours facile car ils jouent tous les jours. Mais ici nous réalisons (peut-être encore plus qu’en France) combien il est important de considérer les représentations que nous donnons comme un cadeau. Et à chaque fois, le cadeau est unique.

Ici, tous les matins : Cours de clown avec un grande profesor de payaso de Buenos Aires !

Il s’appelle Daniel. Il peut foutre un peu les chocottes quand on le voit pour la première fois. Avec son allure toute maigre et son faciès non souriant. Et, puis pendant les cours, son non sourire nous fait rire… c’est la magie du clown…

Daniel, le prof : «   Shakespeare a fait demander à Hamlet : être ou ne pas être ? Nous, aujourd’hui, nous vivons la réponse… »

Si vous pouviez envoyer vos idées, commentaires, pensées, suggestions, histoires, blagues ou autres à propos de cette phrase ; elle me plaît, mais j’ai besoin de vos lanternes pour éclairer la grandeur de cette pensée philosophique…

Excepté Hamlet, l’inoubliable de ces moments clownesques c’est le flamand rose ou la vache faits par Lucile Mulliez… Enorme !

Aujourd’hui, c’est le 3 octobre.

Parenthèse technique.

Ici dans le groupe de 13 : 4 ordinateurs. Tout le monde en a besoin pour appeler sa chérie restée en France, pour mettre de la musique pendant son atelier, pour charger les photos prises dans la journée, pour retranscrire les interviews de la veille, pour envoyer des mails de relance pour vendre « Risque zérO pour 2013 », pour écrire des textes pour le Blog. Nous avons tous des bonnes raisons. De plus, nous ne voulons pas rater l’essentiel de ce qu’il se passe autour de nous (spectacles, ateliers…). Pour en parler, il faut d’abord le vivre… Ce qui produit toujours la même situation : Nous réclamons les ordinateurs en même temps !!! La Mierda !!! Bon, c’est un détail mais qui est bien présent dans notre quotidien je vous assure. Et cela vous explique aussi pourquoi je ne peux pas vous écrire tous les jours. « Ooooo la connerie de ne pas avoir pris mon ordinateur »… voici la phrase redondante du voyage !

Quelques jours sont donc passés depuis le début de ce texte.

Risque ZérO a été joué. La foule était au rendez-vous. Le public debout. Emerveillé. Beaucoup nous disent : « je n’ai pas de mot pour qualifier ce que j’ai vu » ou « je n’ai jamais vu de spectacle comme cela, c’est incroyable ». Nous nous régalons…

Sans ce spectacle personne ne serait là aujourd’hui. « Risque zérO » c’est un peu « la messe » laïque pour l’équipe. Tout le monde se réunit pour entendre toujours les mêmes paroles qui nous font du bien, qui nous redonnent toujours le sens de notre passage ici.

Nous partons déjà ce soir. L’étape de Villa Mercedes est presque derrière nous. Ici, nous avons mangé à tous les repas avec les autres artistes (Argentins, Chiliens) du festival. Ici, ceux qui jouent aiment regarder les copains. Ils sont toujours enthousiastes avant, pendant, après les représentations des autres. Est-ce pour soutenir ? Ou aiment-ils vraiment tout ce qui se fait ? En tout cas, cette attitude crée une ambiance paisible dans laquelle chacun a sa place avec sa différence et son niveau. Les propositions de jeu semblent être plus faciles à faire grâce à cette bienveillance. Marine a dit une phrase hier soir, qui semble peut-être naïve vue de loin mais de près, elle ressemble bien à des sensations que j’ai pu ressentir : « les gens ici on dirait qu’ils n’ont pas de méchanceté ! » C’est vrai qu’ils sont tous un peu « Hippies » (comme ils disent) Amour, Amour, Amour… C’est parfois un peu caricatural pour nous, mais il faut bien avouer que c’est bien agréable…

Hier soir, Summum du « Hippisme » ! Feu dans une cours. Guitare. Un homme avec un bol tibétain. Chant. Danse. Que c’était bien !!!!!!!! Vive les Hippies !!!!

Gautier ce matin au petit-déjeuner : « on s’est bien mis la race hier soir ». (ça, c’est pas très hippie comme phrase… plutôt « galapiesque » !)

                                                         Des nouvelles de Gautier d’ailleurs : il a lu 20 pages de son livre hier. Il en est à la page 150. Yeah !

Ciao Villa Mercedes. Direction San Luis. Dernière étape avant la frontière du Chili.

A bientôt amigos.

émilie

 

 

 

 

7 réflexions au sujet de « Faire la vache shakespearienne en Argentine »

  1. « Sacrés » Galapiats !!!
    Je reprends le périple sud américain après une escapade à Paris chez Cindy puis en Isère pour garder les petits enfants.
    Chapeau les Zamis. Vous ne rêvez pas, vous vivez votre utopie… et nous permettez de partager votre « folie », vos « phantasmes ». Que d’émotions !!!
    C’est sympa de citer Marine, Luc, Gautier, les « gens de l’ombre ».
    Abrazo enorme a usted trece
    Une mouette ardèchoise

  2. Hola chicos tuvimos el honor de verlos en Villa Mercedes y nos encanto su espectaculo y el acercamiento que tuvieron con la gente. Felicitaciones y los esperamos para cuando quieran volver, esta ciudad los espera con los brazos abiertos!!!!!!!

  3. Une petite heure de lecture pou rattraper mon retard depuis le départ de la troupe. Une petite heure de plaisir à voyager avec des saltimbanques. Un peu de rêve à partager. Merci.
    Je ne connais encore presque personne de la troupe, je me languis de vous rencontrer encore plus maintenant en décembre dans le froid hiver. Quand vous viendrez enrichis (pas des sous de l’état, j’ai beaucoup aimé ce passage) de vos rencontres itinérantes à Béziers. Votre public sera alors peut être moins apte à capter l’extraordinaire que celui que vous rencontrez dans des lieux isolés, peut-être plus blasé. Mais je crois comprendre que vous savez créer l’extraordinaire. L’unique. Je me languis vraiment

    Je vous embrasse et vous câline tous sans vous voir.

    Yvon (un des petits bébés clowns à Emilie)

    PS : Hêtre ou ne pas Hêtre ! C’est la question que me pose régulièrement un ami Chêne qui voudrait quitter les siennes.

  4. Muchas gracias Lucile, le contact est établi pour le manège…
    Cet échantillon de superbes photos met l’eau à la bouche, bon voyage !

  5. Coucou Emilie,
    pour ajouter de l’eau au moulin de ta réflexion autours du clown et « d’être ou ne pas être », voici une petite sitation trouvée par la maman d’une enfant pour laquelle j’ai joué à l’hôpital, elle l’a mise en lien avec notre beau métier et je pense qu’elle est adaptée à votre manière de croquer la vie durant ce voyage: « il faut ajouter de la vie aux jours lorsqu’on ne peut plus ajouter de jour à la vie… »
    Je vous embrasse tous, vous êtes beaux.
    Véro

  6. Une base de la philosophie c’est l’étonnement qui nous aide à mesurer nos limites ,ce que notre être peut porter en lui pour être .En cultivant cet état merveilleux qui nous donne un coeur d’enfant pour peut- être touché des parties en nous qui nous permettront d’être habités d’un autre regard sur le monde ,en stimulant d’autres émotions pour étonner son être et les êtres en retrouvant une autre com mu ni ca tion .Etre dans l’étonnement tout simplement .Encore merci pour vos partages .On vous aime .

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