Une chaleur épaisse et moite règne sur le site.
Chapiteau jaune, caravanes, semi-remorque sur herbe sèche. La compagnie Galapiat au complet… ou presque… est implantée pour 15 jours dans le village de Kisharsany à 35 kms de Pecs, à prononcer Petch.
C’est un des trois lieux du festival Ordogkatlan.
Moïse et Marine ne sont pas là. Marine est sur le point de mettre au monde leur fille en France. Peut-être à l’heure où j’écris ce texte d’ailleurs.
Son « collègue » Pablo est là, avec son mois et demi de vie, en Hongrie, il porte dans son nom l’accent argentin. A l’automne dernier, les deux bébés ont été conçus en Amérique du sud, dernier grand voyage de la compagnie.
Aujourd’hui, c’est une contrée bien différente que nous découvrons.
Aujourd’hui, ce projet qu’ils entament est tout autre. Le rêve cette fois était de partir avec les caravanes, le chapiteau, en Hongrie et République Tchèque. Planter l’univers galapiat sur leur terre aride avec toujours le cirque comme trait d’union.
31 juillet 2012, tout le monde est arrivé : Hélène, qui remplace Marine, est chargée de toute l’organisation de cette tournée, Gautier, Luc, Lucho, Jonas, Sébi, Elice, Sébas, Matthieu Gary, comme les autres l’appellent, parce que c’est son nom sûrement, qui remplace Moïse, ou plutôt qui va jouer au sein de Risque zérO, pour un mois et demi, Thomas, le frère de Jonas qui va aider et partager ces jours d’été, Lucie, jeune demoiselle aux doigts qui dessinent et Emilie(ou moi) qui va tenter de vous retranscrire l’ambiance d’ici entre deux tétées…
Le blog sera fleuri cette fois des dessins de Lucie, des photos de Sébas et des textes d’Emilie.
Pour arriver jusqu’ici : plusieurs jours de voyage, plusieurs jours de galère, de panne et d’accident.
L’aventure de l’Europe de l’est est lancée : une caravane rouge (celle de Seb et émilie) est restée en Italie, après maintes lacets sur l’autoroute face à la méditerranée, elle a fini par plier. En humain, rien n’est blessé. A part des traces de tristesse, tout va bien.
Le tracteur de la semi a toussé. Brendan a dû gérer, accompagné de Régis. Ils ont allongé les kilomètres. Ce fut rude.
Et, pour finir, le bus de Lucho a pété une durite sur l’asphalte brûlant entre la pression du planning et de l’atmosphère, c’est en Allemagne qu’il a dû faire halte.
Pour arriver ici, certains sont passés par l’Italie, la Slovénie, la Croatie, d’autres ont traversé l’Allemagne et l’Autriche.
A chaque arrêt, la langue se transforme, les visages et monnaies se changent et s’échangent.
Le cirque nous amène dans cette partie du monde.
Dans ce coin chaud de la planète, on y mange à 18h le soir, on s’y lève très tôt le matin. Dans ce coin-là, on y mange des trucs que, nous français, on ne connait vraiment pas. Des bouillis, des soupes, des mélanges étonnants, détonants : confiture et sucre glace, sur pâtes à la semoule par exemple…
Le rythme auquel nous nous plions ne nous est pas vraiment naturel, et pourtant, avec cette température, ils ne rechignent pas à se lever tôt afin de laisser la sieste régner sur leur début d’après-midi.
Comme en France nous avons nos maisons sur roulettes (enfin ceux qui ne l’ont pas perdu en chemin !), le chapiteau, nos repères mais tout le reste sorti du campement nous est étranger. Une seule personne semble y être comme chez lui c’est Sébi, avec ses racines polonaises.
Les gueules semblent « sorties pour certaines d’un film de Kusturica », dit Sébas.
C’est avec ces gueules-là que le chapiteau fut monté.
La langue est bien loin de la nôtre.
Heureusement, il y a Attila, un hongrois qui parle anglais et hongrois bien sûr… pratique car ici ben pas grand monde parle anglais… alors c’est vrai que pour communiquer c’est pas si facile ! On a beau dire que le hongrois ressemble au finois, même Elice en perd son latin !
Depuis hier, les galap’ travaillent à la reprise de rôle de Moïse. A cause des pannes et accident de parcours, ils ont perdu un jour de travail avec Mathieu. Ils avaient quand même déjà bosser autour de cette reprise de rôle à Saint Agil avant de partir. Ce soir, ils font un filage. Le pari est bien sûr que Mathieu arrive à se faire une place entre ces 5 bougres, pour un temps, pour deux festivals.
Dans le campement, à l’heure des répétitions surtout, beaucoup de personnes viennent nous visiter. C’est un grand évènement l’implantation du chapiteau et du cirque déjanté de Galapiat… nous sommes dans un tout petit village…
Et, c’est sur le terrain de foot à l’allure de désert que nous avons posé pied à terre.
Nous atterrissons. Tout se met en place doucement.
En direct de l’avant festival en Hongrie, à l’heure de la sieste, je vous envoie ces quelques lignes… attention c’est brûlant !