Arte, lucha y resistencia

French, Spanish

 

Le 2 septembre, Argentina
Ateliers cirque à l’hôpital Borda et Prison pour jeunes.
 
L’hôpital Borda, un grand hôpital psychiatrique.
Laura mène un atelier de cirque là-dedans.
Lucie, Nelly ont déjà eu un entretien avec elle.
Nous avons rendez-vous là-bas dans ce gros bâtiment qui a bien la gueule de sa fonction au premier coup d’œil. C’est énorme, froid, ça fout un peu les jetons.
C’est ce qu’on voit de la rue.
Une fois rentrés, les murs se colorent. On contourne le blocos, les bâtiments sont plus petits, une terrasse, un lieu de vie.
Nous cherchons une petite maison dans laquelle on y ferait du cirque.
Nous aussi on en fait, c’est pour ça qu’on est là !
Laura nous salue avec chaleur ; elle est heureuse que nous soyons venus.
Les hommes, les femmes entrent, ils sont chez eux, ça se sent.
Ils parlent du spectacle qu’ils sont en train de créer. Ils cherchent un titre.
 
Le psy est là, ah ! c’est un psy ?
Pablo et Diego s’emparent du trapèze. La grande classe.
Mr Fellini grimpe sur son tissus.
Ici ce sont les hommes qui jouent de leur grâce sous les étoiles.
Ils s’entraînent avec application.
Leur plaisir à jouer nous émeut.
Laura est là pour cadrer, accompagner. Ce sont eux qui sont au centre, pas elle.
C’est une grande !
Une banderole trône sur la salle : « arte, lucha y resistancia ! »
(art, lutte et résistance ! yeah)
Depuis 1984 cet atelier existe.
Laura se bat pour que les participants ne soient pas sous médicaments quand ils viennent.
Les regards sont vifs, les gestes sont précis.
Elle monte aux créneaux de l’hôpital quand elle voit Pablo avec l’œil éteint de trop de calmants.
Difficile d’y croire mais elle y arrive.
Une grande, je vous dis.
On fait tous du cirque dans cette salle.
Difficile de savoir qui est patient, psy, artiste ou stagiaire.
Tandis que le jeune psychiatre joue de l’accordéon, il fait le cabotin avec son texte à la main ; ils les regardent l’œil ahuri Moïse, Jonas ou Emilie, pendant que Diego du haut de son trapèze drague la jongleuse qui en rit.
Sacrée leçon de vie, amigos !
 
Deux jours après, Jonas et Moïse vont donner un cours d’acrobaties à des jeunes (17-20 ans) dans une prison.
Laura toujours.
La cour est grande. Les murs sont hauts, très hauts. On est dans une prison.
Un gardien à chaque porte.
Le soleil petit à petit s’en va. Il fait froid aujourd’hui.
Le béton fait sa loi sous les barbelés bien perchés.
Le décor est planté.
Les jeunes arrivent.
De loin l’allure est sûre ou style :« t’es qui toi ? ».
De près, ils nous font des câlins eux aussi. Dingue.
Bon, l’échauffement c’est pas leur truc. On passe vite.
Emmanuel se débrouille en acro.
Laura branche tout de suite les deux galapiats avec Manuel.
Ca prend.
Ils commencent à grimper sur les murs sous l’œil inquiet des gardiens.
Tout le monde regarde et rit.
Moïse, Jonas et moi (Emilie) ne sommes pas les meilleurs en ce qui concerne le « parler espagnol ».
Nous croyons qu’ils se foutent un peu de nous parfois… c’est possible…
 
Quatre vieux tapis glissants sur un béton-carrelage, et c’est parti !
Flip, costal, salto mortal, colonne à deux… ils se déchaussent et plongent dans l’action, la connerie, la galipette.
Nous sommes français, ça les fait rire. Bon, tant mieux.
 
Discussion avec Patrick.
Je lui demande depuis combien de temps il est là : « 1 an. »
« Et tu sors quand ? Dans 3 ans et 4 mois. »
« C’est bien ici ? Ouiiii. »
Ah.
Il me donne un trèfle à 4 feuilles pour me souhaiter bonne chance « suerte ! »
(…)
 
On ressort de la prison : Grand sourire aux lèvres
(…)
Una cerveza pour fêter ça ?
 
Le 3 septembre Bs As,
A 10h du matin, hier, ils sont arrivés !
La gueule enfarinée, mais les regards bien excités, ils nous ont rejoints,
Le reste de la bande : Elice, Sébi, Luc et Gautier.
 
« on fait un petit déjeuner chez les zen ! »
« yeah ! on est heureux, c’est comme un départ en vacances, on s’est donnés rendez-vous et on l’a fait… on y est, on y est, ça va être ENORME !
 
« on ne vous a rien dit ? bon on vous dit après le petit déj’, le bonjour, la joie et tout ça ! »
 
Après le café (ou pendant, on a pas pu tenir !) :
« C’est la grosse mierda, les copains, problème avec le frêt, la douane. »
« Nous jouons dans une semaine à Polo Circo et nous savons aujourd’hui que nous ne pourrons récupérer la remorque avec tout le matos pour ces dates-là. On pourra , si tout va bien dans 10 jours contre des dollars et des dollars (la somme change chaque jour, ou plutôt chaque heure, impossible de suivre…) »
« nous jouons quoiqu’il arrive »
« ils nous font chier, on les emmerde, ils se bougent pas le cul pour nous, ils nous payent une misère »
« ouais »
« bon comment on fait ? »
« on doit récupérer tout le matériel dont on a besoin »
 
Une bascule qui plie mais ne rompt pas (enfin qui normalement ne rompt pas, bon qui ne devrait pas rompre), un pied d’estal qui ne brûle pas trop quand on lui balance de l’essence et une bonne allumette dans la gueule, un canapé pas trop sophistiqué, des couteaux un peu spéciaux, des fléchettes bien sécouées de la gâchette, un mât chinois avec quatre attaches, (bon normalement y’en a trois), un tapis bien dur mais pas trop lourd avec quatre poignées intégrées, une contre basse, yeah ! une guitare, une basse, qui swinguent comme il faut, un trapèze pour une sorcière des grands airs, un ken royaliste, une grenouille un peu maso, des chaises bien pourries (les cousines germaines du canapé si possible)…
« on oublie sûrement quelques bricoles mais en gros tout est là, finalement ce n’est pas beaucoup, no soucy, on va y arriver, c’est pas grand chose, c’est sûr, ça va le faire ». Lucile Mulliez.
 
ENORME.
 
A suivre…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

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