Isla De Maipo et Valparaiso

Depuis hier soir, nous voilà de nouveau en ville, après 4 jours de camping, de fiesta, de séminaires, de spectacles.
Nous voilà de nouveau dans un hôtel, après 4 nuits de tente à nous cailler dans nos duvets trop fins, sur nos matelas trop petits.
La fatigue nous empêche de bien nous réveiller pour l’instant et de profiter de cette ville tout en butées, en descentes, en couleurs.
Quelques mots sur ce que nous venons de vivre ces derniers jours en montagne en pleine convention de cirque.
Ce lieu s’appelle Isla de Maipo. La convention est accueillie dans un grand camping qui nous fait le plaisir de détenir dans son cœur une grande piscine. Nous le verrons : entre 11h du matin et 17h, elle nous apportera une fraîcheur indispensable. Pour le reste de la journée, et de la nuit surtout, c’est la caillante absolue !

 

C’est une convention de cirque. Tous les gens ici sont des fous de la balle, de la massue, des pieds en l’air, de la tête dans les étoiles et des courbatures jusqu’aux oreilles. Et ça se voit. A toute heure, que le soleil soit là ou pas, que le froid nous paralyse ou que la chaleur nous assomme, ils jouent au cirque aux 4 coins de la convention.

Nous peinons un peu à comprendre l’organisation. Horaires très élastiques pour manger. Horaires très souples pour les spectacles donnés dehors ou dans le grand chapiteau, bien trop petit pour contenir dans son ventre tous les passionnés assoiffés de sensations. Pas de panneau le premier jour nous indiquant les heures de tous les ateliers donnés ici. Au début, nous pataugeons un peu, c’est vrai, mais petit à petit, l’orga s’améliore et nous prenons nos marques.

Et Macaréna gère toute cette énergie, elle foule les chemins à droite, à gauche pour veiller, pour prévenir les problèmes ou les guérir quand c’est trop tard.

Maintenant, parlons un peu plus de la bouffe avant de parler du travail. Point essentiel dans nos vies de petits français. Alors pour la nourriture ici c’est Hare Krishna. Ca aussi au début ça nous a un peu surpris.
Cela fait des années que cette association dédiée à une religion venue sûrement tout droit des contrées indiennes, prépare à manger pendant cet évènement. Pourquoi ? Je ne sais pas. Hommes à la tête rasée à l’entre yeux peint, nous préparent matin, midi et soir nos plateaux repas. Peut-être l’avez-vous déjà deviné mais nos amis les bêtes ne sont pas invités dans les assiettes, alors, on ne vous cache pas que nous les invitons à se faire griller « un peu en cachette » dans notre campement, à l’autre bout, là-bas. Interdit aussi d’apporter de l’alcool ; les voitures sont fouillées à l’entrée.

Bon, on ne vous cache pas que nous avons aussi bravé cet interdit ! Pas si désagréable de retoucher à nos années d’adolescence ! Et nous avions bien besoin de prendre un bain de jouvence car autour de nous, eux, ils y étaient pour de vrai dans l’adolescence ou parfois même en plein dans l’enfance. Ce qui explique leur énergie débordante du matin jusqu’au… petit matin… et, nos fines toiles de tente avaient bien du mal à nous protéger de toute cette jeunesse débordante. D’où notre fatigue aujourd’hui.

Les artistes de la compagnie ont donné là-bas un stage de bascule, de mât chinois, de trapèze et d’acrobatie. Les élèves étaient au rendez-vous. Partout des ateliers se montaient, à côté de la piscine, dans les chaps, sur l’un des nombreux portiques ou juste à côté de la tente.
Le soir, les jeunes arrivaient une heure avant le début des spectacles pour accéder au gradin devant la piste. L’organisation ne s’attendait pas à autant de monde, alors parfois il n’y avait plus de place, ou une deuxième représentation se rajoutait ou on craquait avant même de pouvoir entrer tellement le froid nous attrapait.

Quelques représentations, comme celle de Risque zérO, se sont passées dehors. La jauge devenait géante et plus de problème alors pour le public.
Et, Risque ZérO alors dans cette ambiance hippie, Hare Krishna, ados, fous de la balle et tout ça ?
Et bien ce fut magique. Dès qu’un des galapiats surfait un peu avec les limites du vertige, du possible, du délire, la foule s’enflammait aussitôt pour retomber tout de suite après dans une écoute pleine de respect. Les jeunes venus de toute l’Amérique du sud buvaient leurs paroles à l’accent de France.
Ce fut peut-être le public le plus chaleureux que nous ayons rencontré ici. Nous, les filles dans les gradins on se regardait abasourdies par tant de fougue et d’enthousiasme. Et, on en profitait… bien sûr…
Aux applaudissements, la foule s’est levée dans un élan d’allégresse. Eux, ils étaient là au centre, émus par tant de bravos, par tant d’énergie. Un moment rempli de jeunesse joyeuse émerveillée… Le lendemain, ils les saluaient, chez Krishna, à la piscine ou au petit dej’. 
Le lendemain d’ailleurs, des concours de jonglage, d’acro, d’équilibre parsemaient le camping. Notre Jojo est arrivé, lui, à la fin du concours d’acrobatie. Le public, qui l’avait démasqué la veillé pendant la représentation l’appelait pour qu’il vole sur la piste. Il est venu. A envoyé la pirouette (coup de pied à la lune vrillé, pour les experts !) BAM ! Et à lui la coupe !!! C’était drôle…
Et tout ça devant les yeux attendris de son frérot Thomas venu de Guyane Française pour partager quelques jours de son aventure Sud Américaine. Thomas est professeur d’EPS là-bas. Une semaine de vacances pour la Toussaint. Et le voilà qui se tape 36h d’avion avec changements et tout ce qui s’en suit pour passer quelques jours et quelques nuits en notre compagnie ! C’est pas beau ça ?

Je vous écris de Valparaiso, d’un grand chapiteau bleu dans lequel les galap’ donnent un séminaire de bascule, trapèze, jeux collectifs et créatifs… bon, vous commencez à voir ce que c’est ?!

Et cela demain matin encore. Ensuite, ici bien sûr ils offriront leur spectacle, leur folie, leur délire.

Et, puis, nous nous y préparons un peu, ce sera la fin de ce voyage. Nous nous séparerons dans une semaine. Certains ne reviendront en France que fin novembre, d’autres seront déjà partis dans 15 jours.

L’aventure collective sera, elle, terminée pour ici… pour se retisser ailleurs, sur d’autres terres, en d’autres temps.

Je voulais mettre en place quelque chose d’un peu spécial pour cette dernière semaine, un truc, un jeu ou je ne sais quoi. Je suis un peu fatiguée comme l’ensemble du groupe et je n’ai pas les idées bien claires, mais ce qui m’amuserait c’est de répondre à vos questions, c’est que vous me donniez des pistes vous, fidèles lecteurs, afin de redonner du punch, afin de terminer en beauté, afin que votre curiosité nourrisse ce blog…

Allez c’est la dernière semaine. Allez lancez vos idées… lâchez vous !!!!!!! Je vous lis et tente de rebondir………………

émilie

 

 

 


Ps: Des moments délicieux partagés avec des personnes rencontrées ici, j’ai du mal à vous parler de tout le monde, alors je vais juste vous donner leurs noms et Sébastien vous offre leurs visages:

il y a Fabien (le copain de la belle Nolwenn), Nolwenn (celle qui a beaucoup travaillé pour que Galapiat vienne aussi au Chili).

 

 

 

Victoria (la jeune maman de Salvador et musicienne d’un groupe « la banda en flor », costumière et drôle drôle).

 

 

 Benjamin (le copain de Victoria et papa de Salvador),

 

 

 

 

 

leur fils « le blondin » Salvador.

 

 

 

 

 

 

 

Laurine(Suisse et copine de Stève), Stève (Suisse et copain de Laurine),                                                                tous deux rencontrés au « cochon grillé » dans la Drôme, adeptes du festival des Mouettes et en voyage pour un an en Amérique du Sud!

 
 

 

 

 

 Pps: Pour les fans de ce blog, voici quelques photos de Sébas.

Pour Françoise, la maman de Gautier: 

                                

 

 

 

 

 

 

 

Pour Fanny, Marie Françoise & Laetitia, soeur, mère et amie d’Emilie:

                                                                                                        

 

 

 

 

Pour Monique et Alex Mos, maman et cousinte de Sébastiente:

 

 

 

 

 

 

Adios Santiago

Juste quelques mots pour vous annoncer notre départ de la capitale, Santiago.

Ces prochains jours, nous allons “conventionner du cirque” dans la montagne chilienne… et je ne suis pas bien sûre de la connexion internet là-bas…

Ne vous inquiétez donc pas cher globe trotteurs du clavier, on se retrouve au plus tard à Valparaiso dans une semaine… notre dernière étape La Vache!!!

Hasta luego hermanos hermanas 🙂

En attendant, regardez les photos que Sébastiente vous a concoctées. Elles vous parleront des grandes grèves menées par les étudiants. Il est allé glaner des images dans la ciudad pour vous…

émilie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du Théâtre Nescafé à Santiago

Samedi 22 octobre,
 
Ces derniers jours, pour faire venir du monde, ils ont fait deux télés!
Faire entrer des clins d’oeil de Risque zérO dans l’univers aseptisé de la télévision, c’est pas rien…(photo à côté, Lucile Mulliez)

Sébi s’est fait mal au talon avec ses couteaux.
Il doit s’économiser pour guérir et ne plus trop se mettre en danger. 
Ce soir, il y aura moins de lames, pas de bascule, pas de trapèze ballant mais de la corde à la place. Adaptation… adaptation… c’est notre gymnastique sud américaine!


 
En ce moment, les techniciens et les artistes travaillent aux réglages pour le spectacle qui se joue ce soir à 20h.
Ils doivent s’adapter au lieu, aux lois, aux règles, aux habitudes de ceux qui nous accueillent.
 

                                                           Et bien les galapiats, ils sont pas fans des « c’est pas possible à cause de la sécurité ».
Leur plus grand trip c’est de démonter les règles, de questionner les lois et de créer un autre espace où « tout est possible ».
Ils sont bruts, ils foncent la tête la première dans le tas des « non », et tentent par tous les moyens d’obtenir des « oui ».
                                         …De sales gamins adorables et géniaux…
 
Le régisseur général d’ici est un homme sympathique à n’en pas douter, mais il a été un peu surpris par tant de demandes hors normes et faites avec tant de fougue.
Le directeur de la salle est passé ce matin, il a crié, il a dit : « NON! » …
« Bon et bien d’accord »…


Cet endroit est presque luxueux, et de voir ces monstres d’énergie dans cet environnement délicat, c’est beau et un peu effrayant, en même temps…
Que ça puisse exister, c’est presque un miracle!
Et, ce Théâtre Nescafé nous a ouvert grand ses portes, et ils sont essentiels pour la faisabilité de notre projet. Ils n’ont pas eu peur. Yeah! Gracias!

 
La plupart des spectateurs qui viennent dans ce théâtre sont de la classe moyenne ou plutôt même aisée. Les places ne sont pas vraiment chères mais elles ne sont pas non plus accessibles à tout le monde.

Par ailleurs, voilà: Macaréna et Nescafé ont permis à tous les élèves du Circo del Mundo de venir gratuitement mais aussi à tous les enfants des quartiers qui participent aux ateliers de cirque de Santiago.                                                                        Ce soir et demain, la compagnie Galapiat va partager la scène avec la compagnie Pacheco Kaulen y Hermanos, du Chili, qui fera la première partie.

Ce sont deux jeunes hommes qui ont un univers poétique qui rentre dans une boîte à chaussure et qui nous envoie directement dans une douce rêverie enfantine.


 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

                                                            

                                                                                                                                                                                                    

 

 

 

 

 « Risque ZérO », c’est fait de rock, de chair, de feu, de vie croquée en plein coeur et de fuck dit à la peur!

                                                             

 

      Le public aux poches pleines ou vides sera accueilli dans ce lieu avec café et tout ce décor en beauté, pour assister à la représentation un peu particulière de clowns muets qui font un monde de poésie de petits gestes quotidiens mais aussi de têtes brûlées.

 

De toute cette diversité humaine, il est possible d’en faire des beaux spectacles et d’en rêver dessus tous ensemble.

 
C’est pas beau la vie?!
 

Le 23 octobre,
 

La première représentation hier soir! Un triomphe!
La salle était quasiment pleine.
Le spectacle était tellement adapté qu’on avait parfois la sensation de voir un Risque ZérO rajeuni, rafraîchi, revisité…
Aurore a dit qu’elle a eu l’impression de voir ce spectacle pour la première fois.
C’est vrai que les conditions extérieures sont si différentes de celles du chapiteau et les artistes osent de plus en plus enlever et ajouter à leur guise, en fonction du lieu mais aussi de leurs blessures, de leur état, de leurs envies.
Ils étaient épuisés avant de jouer, ils se sont servis des planches pour transformer cette fatigue en belle énergie pleine de cirque à partager.
Sergio, le régisseur général m’a dit: « Je n’ai pas aimé, j’ai adoré, ils sont fous, d’accord mais ça fait du bien! » yeah!
 
Ce soir à 19h, la dernière représentation ici à Santiago, au théâtre Nescafé.
 
 
Émilie
 

                                                            


 PS: et le groupe s’agrandit depuis quelques jours:
Gaëlle, une amie de Roscoff est au Chili, à Santiago pour son boulot, dingue! Et puis comme elle travaille sur l’univers marin, après, elle ira à Valparaiso… comme nous!
Et, hier, Aurore, la copine de Luc nous a rejoints… Luc est rasé de près depuis, et porte un sourire amoureux de circonstance! Elle repartira début novembre… juste avant nous…
Deux amis Suisses sont venus nous rejoindre aussi, avec leur chocolat dans les bagages, yeah!

 
PPS: Aucune chance que l’équipe de France de rugby suive ce blog, mais on vient de voir les résultats du match de la finale contre les All blacks avec tristesse… on est de tout coeur avec eux!
 

Du musée de la mémoria et de los derechos humanos

Ce pays, comme tous les pays du monde, a une histoire qui imprègne beaucoup son présent.
Tous les jours, les étudiants font des marches, bloquent les avenues, pour obtenir l’éducation gratuite.
Les Chiliens, de manière générale sont sensibles à ce combat. 

 

L’autre jour, un chauffeur de taxi nous dit qu’il est heureux que les jeunes n’aient plus peur de la police comme eux.

Lui, il craindrait de se faire tuer.
Il est fier de la jeunesse de son pays.
On a beau connaître quelques « mots clés » sur l’histoire de ces dernières années au Chili comme « Dictature », « Pinochet », quand on entend ces quelques mots dits par cet homme, ça nous fait réaliser que les cours d’histoire parlent de gens, de souffrance, d’humains, pris dans le destin d’un pays, d’un continent ou d’intérêts mondiaux.
 
Leur souffrance douloureuse est jeune, ils ont construit un musée de la mémoire et des droits humains. Et c’est essentiel pour eux, Chiliens, mais aussi pour des français bien chanceux de leur passé qui viennent partager leur cirque avec les habitants de cette terre.
 
Dans ce musée, il n’y a pas de traduction française, et on a beau tous faire des progrès en espagnol, il est, bien sûr, difficile pour nous de saisir les subtilités de langage nécessaires pour parler de l’histoire de millions et de millions de Chiliens.
 
De l’Argentine, nous n’avons pas beaucoup parcouru le passé; ici, les étudiants nous obligent, et tant mieux, à nous y interroger… Merci les jeunes…
 
J’avais envie de partager avec vous les dates et évènements essentiels de ces dernières années au Chili.
Le musée est carré, imposant, lumineux et moderne.
 
Le premier événement dont il nous parle c’est du coup d’état militaire de 1973.
A ce moment là au Chili, présidait Salvador Allende, communiste élu 2 ans avant.
Ce coup d’état a été planifié par les commandants en chef des trois armées et le chef de la police, tout ce joli monde dirigé par le général Augusto Pinochet.
 
Le mardi 11 septembre (décidément!) 1973, l’armée a mis le feu au palais de la Monéda à Santiago dans lequel résidait (ou travaillait, je ne sais pas…) Salvador Allende.
 
Sur les écrans, nous voyons cette prise d’assaut, tout cela a été filmé.
Malgré le bordel qu’on peut imaginer dans la ville, les lignes téléphoniques et les radios n’ont pas été coupées. Le président, Allende a alors fait un discours, en direct du Palais pour le peuple Chilien. Une borne nous permet d’écouter ses mots dits avec une voix qui semble calme, bizarrement… quelques minutes après, il décidait de se suicider dans le palais avant que l’armée ne le chasse.
Une photo nous montre que pendant ce temps là, un couple est en train de s’embrasser à coté des flammes, sur la grande place. La nature de leur étreinte nous parle de ce grand bouleversement qu’ils sont en train de vivre. Ils en ont conscience. Ca se voit.
 
Nous continuons notre chemin. Et nous voilà plongés dans l’horreur de la Dictature.
 
A la suite du coup d’Etat, Pinochet et tous ses potes militaires ont dissolu le Congrès National, les Conseils Municipaux, les syndicats et les partis politiques. Liberté de la presse: Stop! Et couvre-feu: Bienvenido!
 
Des cahiers d’enfant sont exposés. La mort, la faim, le feu trônent sur leurs dessins.
 
Plus loin, la carte du Chili. Et des centaines de petites points lumineux dessus. Chaque point représente un centre d’incarcération.
 
Plus loin encore, croquis sur les engins de torture mis en place.
Les chambres de torture étaient créées dans des maisons particulières de partisans du régime. Et il n’en manquait pas…
Toutes les personnes ayant des actions ou paroles un peu « trop proches du socialisme » se retrouvaient face à l’armée et à ses violences. Ils étaient alors exilés (dans le meilleur des cas), torturés ou exécutés.
Des témoignages filmés passent sur les grands écrans. Témoignages de torture.
 
On continue, et nous voilà nez à nez devant un ordinateur.
Cette machine porte dans son ventre tous les noms des disparus pendant ce régime.
 
« Où est ma fille, mon mari, mon frère? »
Des panneaux interrogatifs d’il y a 25 ans.
Des photos d’attente, de tristesse, de foule rassemblée et solidaire.
 
Des photos de visages qui se sont éteints après exécutions, tortures, couvrent le grand mur du deuxième étage. Certains cadres sont vides.
 
Dans le couloir du fond, la presse internationale.
Impossible de ne pas se demander ce que les autres pays ont fait, ce que la France a fait.
Une image de l’ONU. Un dessin. L’ONU demande à Pinochet qu’il leur explique ce que sont devenus ces gens. Pinochet leur dit qu’il n’en sait rien et qu’il va dès que possible faire une enquête à ce sujet. Il ne l’a jamais fait. L’ONU se désolidarise du pays Chilien… voilà ce que l’on croit comprendre de la réaction internationale à travers un croquis…
Impossible aussi de ne pas se dire… « Aujourd’hui, pendant ce temps, des peuples comme eux, crèvent la dalle et se font buter pour une pensée différente. »
 
Plus loin, les couleurs arrivent dans les écrans.
Nous apercevons des sourires, une grande fête.
 
En 1988, un référendum demande au peuple si il veut ou pas continuer ce régime pendant 8 ans. Ce référendum plébiscitaire faisait parti de la constitution transitoire du régime de Pinochet.
Le NON gagne le pays!!!
Les gens sortent dans la rue, pleurent, font péter la bouteille de champagne! C’est ce que nous voyons à la fin du musée, à la télévision.
Le non a gagné oui, mais à 53%. Il y a encore beaucoup de partisans de Pinochet au Chili aujourd’hui. Et pourtant, d’après ce que nous disent les écrits, les images, tout le monde mourrait de faim et le travail était devenu une denrée rare. Mais l’ordre régnait grâce à la terreur, et ça pour certains, c’est rassurant.
 
Les sourires triomphants des jeunes sur les images nous rappellent toujours les étudiants d’aujourd’hui qui bloquent les bâtiments. Ce ne sont pas les mêmes, peut-être leurs enfants.
Ce n’est plus la dictature au Chili, c’est bien fini. Mais si on était nés ici, chacun de nous l’aurait vécu dans sa plus tendre enfance, et ça quand on y pense, c’est un peu con, mais ça aide à comprendre. Ca aide à comprendre la peur. Ca aide à comprendre pourquoi le mot liberté ici sonne loin, sonne fort.
 
Hier soir, dans le spectacle : Moïse et son « viva la dictatura! » suivi de son « cassage de gueule », et, Sébi et sa hâche qui le poursuit furieux….
Et tout ça en présence de Chiliens de tous les âges, et tout ça joué dans un théâtre qui travaille aussi avec le ministère de la culture du pays…
 
…ça fout des frissons…
 
Vive les étudiants, vive l’école et l’éducation gratuite, vive l’art!!!
 
Profitons de notre liberté amigos et battons-nous pour elle…
 
émilie
 

Séminaires Galapiat au Circo del mundo

Stage de mât chinois, bascules, acrobatie, trapèze ballant de 10h à 14h (16h!) pendant trois jours au Circo del mundo à Santiago au Chili. El Circo del mundo est un des très rares endroits ici où le cirque y est enseigné en formation professionnelle.
Nous avons assisté au spectacle de fin d’année de la fin de la formation.
Nous sommes loin de la fraîche naïveté du jeu argentin. Le show a un goût plus américain pour nous, petits français. Certains galapiats parlent d’une influence « cirque du soleil »… possible…
 
Ceux qui participent au séminaire sont, pour la plupart élèves dans cette école.
Elice, Lucho, Sébas, Moïse, Jonas et Sébi se sont interrogés sur ce qui leur semblait pertinent de travailler avec eux.
De 10h à 12h, c’est Technique. 4 groupes sont dispersés dans ce grand espace.
Dans le grand chapiteau, Jonas et son cours d’énergie explosive, acrobatique, philosophique.

Dehors, le chef du mât chinois et de la grâce à la verticale c’est Moïse.
Juste à côté, à la grande bascule, Lucho tient les rennes de la longe avec patience et droiture.
Dans le petit chapiteau, le Séba et le Sébi font du « pica/pica » à deux voix sur la coréenne chilienne.
A partir de 12h ou 12h30 ou 14h30! Le Top One est à l’Honneur! Nouveau jeu créatif galapiesque!
Mais le top 1 qu’est ce que c’est?
Ce que tu sais faire de mieux dans ta vie, tu le montres! Faire une action claire.
Quelques exemples: une jeune fille monte sur deux de ses camarades qui font indéniablement le cheval. Après quelques tours de piste, elle fait faire des roulements de tambour au public, puis dans un silence (presque) religieux elle balance un énorme ROT!
Une autre décide de faire une colonne à trois brisée en clown. Elle ne l’a jamais fait et souhaite vaincre sa peur.
Toutes ces propositions percutantes doivent durer maximum 2 minutes Chrono!
Ah oui… j’oubliais il faut dire pourquoi on a choisi ce Top 1 là… imaginez le rot, et tout ça… pas si facile d’en donner les causes…
Le moment de la représentation fait de nous des sales gamins impatients, on a envie de rire, d’être étonnés, de s’exclamer de la connerie, du truc génial ou de l’audace du voisin d’en face…
Et, on rit… on rit beaucoup…
Le 2ème jour. Re-travail sur le Top 1 proposé la veille. Mais cette fois-ci avec une contrainte en plus, c’était pas assez dingue!
Et la fille du cheval a du se gratter le cul pendant ses 2 minutes autorisées… sans oublier son rot bien entendu…
Et le jeune jongleur a du s’enlever une fringue à chaque fois qu’il faisait tomber une massue… le public s’est alors transformé en furie!
L’élève acrobate a du réussir ses 2 figures au sol alors que tout le monde lui balançait des chaussettes dans la figure…
Et on a ri… Encore plus fort!
 
Le Top 1 ou l’art de se lancer des défis, de se mettre des contraintes, de faire tout ça en direct au centre de la piste pendant que le public se régale de me voir galérer!
 
C’est un peu ça le cirque contemporain non???
 
🙂
 
émilie