La bascule à Konex.
C’est le troisième jour et le dernier pour ce séminaire.
Après un exercice d’échauffement à la bascule dite la Coréenne, Lucho parle à ses troupes :
« On a plus besoin de se parler, tout se fait, s’organise tranquillement, je suis content de cela. » Il félicite les jeunes soldats courageux.
Cela fait trois jours qu’ils travaillent. Je n’étais pas là avant, j’arrive à la fin, on sent le groupe soudé, détendu et concentré autour de la même cause.
Il n’y a que des hommes, exceptée une jeune fille : Delphina, débutante de surcroit.
Sur le tee-shirt de la téméraire : «j’aime bien les moustaches » (écrit en français) c’est anecdotique là aussi, un petit clin d’œil humoristique vite fait ça coûte pas cher et ça fait du bien!
Ils parlent technique, là aussi ils se comprennent entre eux (sauf Delphina peut-être?). La technique dépasse les langues. « pica pica etc » moi, je ne comprends rien. Mais j’imagine ce que cela peut bien être un « pica pica »… et c’est pas mal comme exercice, non?
Ils font de la coréenne.(à cause de la douane grrrrr) Ou petite bascule. La technique est différente. C’est ceux qu’ils m’ont dit.
Bref.
Deux sautent, les autres sont autour. Ca tape dans le dos pour se relayer. Ca ne s’arrête jamais. C’est le but. Ils sont dix en tout. Ca roule, ça saute, ça vole, ça tourne, ça fonctionne.
Le groupe est très important ici à Konex. L’écoute et le travail de groupe priment sur le reste. C’est la coréenne qui veut ça… et c’est beau à voir.
Yves-Marie est là aussi sur la planche qui s’agite. Ainsi que toute sa puissance d’Hercule.
Sébas s’occupe de Delphina. La seule qui ne sait pas faire de cet engin à propulsion. Il ne suffit pas de décoller, il faut rester dans l’axe afin de retomber sur le coussin, afin que la machine ne s’arrête jamais… il lui explique la technique… Delphina décolle avec la grâce, les pointes et ses grands yeux mais pas encore avec la constance verticalité de ces hommes.
Pendant ce temps (ou à peu près, il n’y a qu’une bascule!), les hommes et leur constance verticale commencent à faire des saltos!
Un gars saute dans tous les sens. Deux poussent (ou saute de l’autre côté pour faire contre poids). Deux sont au tapis (ou à la petite mousse!). Une personne est au catch (derrière au cas où)… les autres veillent. Vu l’organisation on se doute que c’est un truc pour « dingues » cette machine! (la suite nous le confirmera!!!)
Ce qu’il se dit pendant, ou après les sauts, retours dirigés aux Argentins: « il faut dégainer plus vite les gars! O mas pistola! (jeux de mots fait par un homme pour des hommes à connotation sexuelle. Sébastien qui, lui dégaine très vite en terme de saut à la bascule bien sûr, est l’exemple en la matière… il est fier notre français!)
Le moment de gloire d’Yves-Marie: Sébas a insisté pour qu’il enlève la longe hier. Il l’a fait. Aujourd’hui, voilà l’homme qui nous fait un saut de l’ange inversé o « el salto mortal » tout seul comme un grand. Tout le monde applaudit. Il a le sourire qui se répand jusque dans le public. Il tape dans la main de Sébas. Il est heureux notre Yves-Marie!
Sébas boit le maté (ah! Je n’ai pas encore parlé du maté! Tout le monde en boit tout le temps ici, c’est une boisson dite naturelle qui est entre le thé et le café, et qui, quand on en boit trop a la même effet que le red bull, pas sûr pour nous, français que ce soit si naturel! Je vous invite à chercher photos et autres précisions sur le sujet sur internet…), donne des explications ou conseils aux sauteurs, saute lui aussi, vole, tourne, prend des photos, répond au téléphone (car il s’occupe de la location des voitures pour récupérer notre remorque 🙂 mais aussi pour continuer le voyage), prend soin de Delphina en pur gentleman et va faire des besos à sa copine qui est train d’écrire sur lui! Du pur Sébastien comme on l’aime!
Lucho veille, cadre, félicite, calme les troupes quand c’est nécessaire, reparle sécurité et se réjouit du travail effectué!
Bien complémentaires ces deux-là! Bonne équipe!
Travail à la longe. Waou!!!
Chacun passe et se teste. La longe permet cela. De repousser les limites. Quand vient le moment où Lucho propose d’enlever la sécurité. Ca tremble dans le public. La concentration se fait plus dense. À la fin, les applaudissements sont accompagnés de notre soulagement.
Seb commence par la longe lui aussi. Puis, il l’enlève. La tension est moins grande (d’autres sont passés avant lui)… et puis il a l’habitude…Il est en l’air, il prend peur (nous aussi), son saut n’avance pas, le tapis réagit, tout le monde est là, disponible mais ça va si vite… les pieds atterrissent bien sur le tapis mais le reste, le cul, la tête etc, se cognent contre le béton de la salle. Aï.
Il se relève et dit « ça va, ça va ».
Il nous montre ses fesses (comme d’habitude!), c’est un peu rouge. Beaucoup de peur, peu de mal. Impossible de se détendre trop ici sinon c’est la chute…
Après la chute, la photo de famille, de groupe, de compagnons de route, de voyages, de sauts, de dinguitude!!! yeah!!!
émilie