« Villa 21 ».
C’est le nom d’un quartier. Ne vous fiez pas au mot « villa » qui, peut-être, vous parle d’argent, de luxe et de piscine dans le jardin.
« Villa 21 » c’est un quartier qui n’est pas noté sur le GuiaT, c’est-à-dire le guide de la ville. C’est pas vraiment un endroit où les touristes se régalent de danser le tango…
« Villa 21 » c’est un bidon ville plus élaboré avec des maisons en dur, avec plein de couleurs, plein de drogue (nommée « le paco »), plein d’enfants, plein de chiens, plein d’énergie, plein de pieds nus, plein de football, plein d’amour.
Il y a un « comedor », ou une cantine qui s’appelle « amor y paz » (et ce ne sont pas que des mots, nous sentons que les gens qui font à manger ici le font par amour, tout simplement !)
Un drame s’est produit ici même, il y a un peu plus d’une semaine. Un enfant du quartier (Gabriel) s’est fait tué par un bus. Le silence a été de rigueur pendant quelques jours.
Le Circo Social (encore eux !)qui est à l’origine de notre venue dans le quartier a demandé l’autorisation à la famille pour donner la représentation. Ils ont dit Oui. Et ils habitent sur la place sur laquelle a été donnée le spectacle.
« Risque zérO » (ou une adaptation plus courte du spectacle) s’est joué hier soir à 18h.
Si vous aviez vu ça les amis…
On a beau être fatigués et un peu usés par ces semaines Buenos Airennes… nous avons partagé un moment Magique hier soir.
Nous étions déjà arrivés dans le quartier appelé « Villa 21 », quand je vous écrivais l’ « article » sur la Charla. J’étais justement dans le comedor, les enfants venaient me voir, me posaient des questions. Pendant que je vous parlais des aides de l’Etat, pendant que je vous parlais du jeune homme et de sa quête d’un modèle d’autonomie, les enfants me posaient des questions sur la France, me demandaient comment c’etait là-bas, me demandaient si il y a de la drogue aussi chez nous, si il y a des gens qui dorment dans la rue, si je pouvais leur donner l’ordinateur sur lequel j’écrivais !!!
La drogue est omniprésente dans les histoires des enfants, des parents, des grands-parents. Chaque famille (sûrement pas toute !) connait ce drame. Les enfants, ici portent un regard fort, puissant, presque adulte avec, en même temps leur énergie d’enfant toujours intacte.
A 16h, quelques petits du quartier se sont mis dans un costume de grand dragon vert. Les bras dehors qui tiennent des bidons de lessive avec des graines à l’intérieur pour faire de la musique ou du BRUIT !!! C’est la parade dans le quartier pour annoncer « le CircO de Francia, les Galapiattts !!!!
mmm ça sent la fiesta, c’est trop bon !
Le spectacle s’est donné à l’extérieur sur leur terrain de foot. Une place en plein cœur du quartier.
En hommage à Gabriel et à toute sa famille.
Des cordelettes ont été posées pour délimiter l’espace de jeu. Les enfants ont réussi (mas o menos) à se poser dans le public sans aller faire un tour sur scène. Par contre, pour les chiens c’était plus compliqué !
Les mots me manquent pour vous décrire l’ambiance. La vie. Les yeux brillants. Les waou ! les applaudissements spontanés.
Le public est réactif ici, plus que réactif. Quand Moïse va se cacher après son numéro, les enfants le cherchent tout simplement. Quand le chien dans le numéro de Seb aboie, les gens vont sauver le comédien !!! quoi de plus normal… à se demander même comment ça se fait que le public ne le fait pas habituellement…
Bon, pour être sincère, c’était parfois un joyeux bordel. Sébastien A a galéré un peu pour se faire entendre. (il a fallu qu’il use de son autorité naturelle… ça a marché !)
Mais il y avait Foule hier à Villa 21 et de tous les âges. Y’avait les galapiats et leur « risque zéro » sur la place des gamins. Y’avait de l’énergie. Y’avait de la joie. Y’avait comme un air de Fête de village !
A force de vous donner des superlatifs dans mes descriptions des évènements, je crains de vous lasser ou pire, de vous faire croire que les gens du Circo Social (par exemple) ne sont pas réellement extraordinaires, bref, que vous pensiez que j’exagère. Si l’on considère que mettre l’amour et la générosité au centre de son travail est une chose normale ou naturelle, ce ne sont, en effet pas des gens extraordinaires, mais d’un ordinaire déconcertant !
Aujourd’hui, c’est samedi, nous courons un peu après le temps pour arriver à l’attraper. Nous avons envie de profiter, de faire, de jouer, et en même temps, nous faisons un peu une overdose d’actions. Nous n’avons aucun moment de vide. Et, la fatigue de ces derniers jours nous donnent faim de Riens, de Vie sans calcul, sans organisation.
Ce soir, les galapiats vont jouer dans un cabaret de cirque. (le vide c’est pas pour tout de suite !)
Il y a une réunion qui va se commencer maintenant avec Manu (ou Emmanuel Oger, un pote français avec nous, dingue !). Il nous parle d’une proposition de travail à Paris pour fin 2012… nous n’avons déjà pas assez de temps pour vivre le moment présent alors nous peinons un peu à penser l’avenir !
Manu demande aux galap’ comment c’était hier soir à la « Villa 21 », ils répondent tous en cœur : « ENORME !!! »…
Bon, vous voyez que je n’exagère pas !
Demain, nous nous préparerons au départ de Buenos Aires. Pour en partir lundi à 5h du mat’ !
Nous allons dans une maison à la campagne pour 2 jours. Pour nous reposer un peu. Pour digérer et nous préparer à la suite. Je profiterai de ces quelques jours pour ne pas écrire mais vivre avec eux sans décrire ce qu’il se passe. Ne plus courir après le temps quelques heures. Juste vivre notre présent extraordinaire tout simplement…
En direct de Buenos Aires, je laisse « l’antenne » pour la reprendre dans une autre contrée à 8h de route d’ici !!! Je ne me suis pas encore renseignée sur le nom de la ville. Je vis plus qu’au présent ici. Je vous parlerai de tout ça plus tard promis !
Continuez à écrire des commentaires, ça fait du bien à toute l’équipe…
émilie