«Ecole western»

Francés, Inglés

Dans le dossier du voyage c’était écrit : « Aller là où le cirque ne va pas ».
Chuca l’a lu, l’a vu. Ca lui a plu. C’est pour cela qu’il nous y a amené aujourd’hui.
Il est 8h du matin. Nous sommes tous dans les voitures. Nous partons de Rio Cuarto.
Très vite les routes deviennent un peu moins droite. Aucune habitation en vue.
Les vaches et les moutons trônent sur cette Terre que nous découvrons. L’atmosphère se transforme. La chaleur est lourde, et crée comme un engourdissement de nos esprits. Nous prenons de l’essence. Je crois que nous ne sommes plus très loin. Un homme à la station nous dit « vous êtes les français qui vont à l’école, n’est-ce-pas ? Bienvenue, bienvenue ! «
« Mais où va-t-on ? Qui sont les gens qui vont nous accueillir ? Où sommes-nous ? C’est quoi la vie des gens ici ? »
Nous faisons tous les jours des choses différentes, passionnantes. Des rencontres, des discussions se créent toujours et nous tentons d’en profiter le maximum. Il est difficile de préparer la suite. De nous intéresser à la prochaine étape. Nous savons quand même que nous allons dans une école. Chez les galapiats, seule Lucile est un peu plus au courant.
Chuca sait ce que nous allons vivre aujourd’hui. Il nous y amène sans trahir le mystère.
A quelques kilomètres de la station essence, nous prenons un long chemin de terre qui nous sabote le cul.
Imaginez.

Les voitures et leur gros nuage de poussière. La chaleur pesante. Il est 10h du matin. Tout à coup, au loin, vous apercevez des gens ou une ribambelle de personnes. Au dessus de leur tête une banderole « BIENVENIDO ». Vous vous approchez encore et vous voyez qu’il y a des enfants en cravate ou en robe «rose délavé» (qui est sûrement La robe de grand jour). Un homme tient un mégaphone et lance des mots qui cassent les oreilles mais qui foutent direct la boule d’émotion dans la gorge. Une dame excitée, folle de joie semble être la maîtresse. Des drapeaux tapissent la clôture du jardin de l’école.

Drapeau de Hollande. Du Mexique. De Finlande. De la France. De l’Argentine. L’homme et son mégaphone passe dans « la foule » et l’exercice est de dire notre prénom et le pays d’où l’on vient. Nous nous plions à la règle, ils ont tout organisé. C’est incroyable. Ils nous demandent de les suivre. Dans le beau jardin de l’école, il faut choisir une personne qui représente chaque pays dont nous venons. Lucho, Elice, Sébi, Lucile suivent la consigne avec timidité comme des élèves un jour de rentrée. Tous les enfants ainsi que les grands se mettent à chanter l’hymne de l’Argentine. C’est extrêmement protocolaire bien sûr. Mais putain ça fait chialer. Pendant le chant ils hissent, chacun leur tour, le drapeau de l’Argentine.

Une ambiance de western et de petite maison dans la prairie.
Rajouter cela à votre tableau et vous y êtes, là, avec nous, en Argentine dans une escuelita (petite école) de campagne dans laquelle seulement 8 enfants travaillent leur savoir avec une institutrice passionnée et une dame qui leur fait à manger et qui prépare le maté !
Ils nous invitent à entrer dans l’école. Il fait frais. Mmmmmm. Les murs sont épais. Le tableau est bien noir. Les tables et les chaises ont oublié de grandir.
Ils nous servent le thé. Le café avec ou sans lait. Le chocolat chaud ou le maté. Des journalistes sont là. Ca mitraille de photos.
Et, puis la dame pleine de joie dans son habit de maîtresse nous raconte l’Histoire. L’histoire de cette école vieille de plus de quatre vingt ans. Elle nous présente les 8 élèves, tous un peu frères et sœurs. Un homme, Fabian, l’était aussi il y a longtemps. Il est là, debout, fier. C’était lui tout à l’heure qui tenait le mégaphone. Fabian adore le cirque. Il est clown dans une fanfare ici. Il habite dans le village de la station service, Achiras. Il est toujours resté là.
Pour lui, c’est un rêve qui se réalise, il ne pouvait pas croire qu’un cirque, et venu de France, viendrait jusqu’ici. Jamais personne n’est passé dans cette école pour partager le cirque avec les enfants. Il veut que ce chemin de terre accueille maintenant tous les cirques de passage. Qu’ils viennent à Acharas comme ils viennent à Buenos Aires… ca lui donne des ailes…
Cela fait des semaines qu’ils préparent notre venue, l’école est décorée. Ils ont réussi à récolter des pesos grâce a la vente de petites mignardises argentines afin de payer la bouffe à treize français qui étaient de passage à la campagne. Et quelle bouffe mes amis, quelle bouffe ! Les animaux qu’ils nous mettent dans l’assiette et qui sont cuits sur l’énorme barbecue derrière l’école, broutaient tranquillement ce matin même dans le champ d’à côté, alors imaginez le délice…

Il est 15h. Dehors, des bonbons, glaces, et sodas voient arriver les parents et enfants conviés de 14 écoles de campagne voisines. L’ambiance « kermesse » s’installe ainsi que le mât, le portique, la musique. Il fait toujours très chaud, mais le vent devient fort. Tout le monde se protège de la poussière habituelle pour ici.

L’après-midi de cirque peut commencer. Le mât est de ce côté. La bascule, à l’entrée, ça va envoyer ! La corde au milieu pour Elice. Les amis de Rio Cuarto sont là, à chanter, à jouer avec nous.
Le public découvre, discute, se déplace, cherche l’ombre. En famille ils sont venus, ils boivent le maté bien sûr, tout en regardant les mecs et nanas de France, de Pologne, de Finlande/Mexique, de Hollande qui font leurs folies circassiennes. Ils les prennent en photo.
Des jeunes de 17/18 ans d’Archiras sont venus pour l’occas. Ils portent l’excitation de leur âge avec la convivialité et le sourire plein de lumière des gens de ce pays. Ils sont heureux d’ouvrir leur horizon, c’est ce que je sens. Ils sont fiers d’être d’ici. Ils aiment leur terre, et leur mode de vie. Ils ont envie de partager un moment de vie, de fête avec nous. Simplement. Nous passons toute la journée ensemble. Ils restent même le soir. Dans l’escuelita, pour partager l’agneau et les danses, et les chants. Quelle joie ! quelle fête ! quelle chance !
Nous passons une nuit dans ce coin paradisiaque. Afin de déguster encore leur soleil et puis leur rivière.

Pour certains, ce fut le plus beau moment de ce voyage.

J’aurais aimé que vous soyez tous là avec nous. Nos amis. Notre famille. De toutes vos origines et natures différentes.

Tout ce que nous vivons nous transforme. Imperceptiblement. Profondément. Vive les voyages!
…… 🙂

émilie

PS: un mot de toute l’equipe pour Odilon. Nous pensons fort a toi de nos contrees lointaines. Nous t’envoyons courage, force et sourires. nous aimerions venir te voir et t’aider a prendre soin de toi dans ce moment difficile. nous ne pouvons le faire, nous t’envoyons simplement ce mot gonfle d’amour et de solidarite.

Les galap’

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