Archivo de la categoría: Cie Nez4C – Emilie Bonnafous

Tout le monde a la clé

Dans cette escuelita, il y a des cactus, une petite cuisine, une chambre, une salle de bain, une table à maté, et des cailloux sur le sol.

 

Et puis, il y a Matias qui a de grands yeux ouverts sur le monde. Ses mots semblent venir du coeur ou d’un endroit comme ça où l’allégresse extra légère existerait.

Il vit avec une jeune demoiselle, Jimenez, qui a trois enfants/chiens. Les seules bêtes tranquilles et sans tiques ou puces qu’on ait croisés en Argentine.

Ces deux amoureux vivent dans l’escuelita. Elle, elle arrose tous les soirs les plantes qui, comme eux, respirent l’air généreux de ce lieu de vie.

 

Et puis, il y a Ronda, qui est belle comme le jour, et fine comme une feuille. Elle parle avec son sourire et ses dents et offre toute sa lumière au cirque et même plus.

 

Et puis bien sûr, Renaldo, qui a eu sûrement une vie qui ne ressemble pas à celle de ceux qui sont nés le même jour que lui, car il est né comme cela, avec ce qu’il est.

Il est là dans ce lieu atypique, il aime tout le monde et il est aimé, c’est sûr. Il distribue avec le coeur gros comme son ventre, des câlins à tout le monde, comme ça, pour rien, toute la journée, et exige que tout le monde, comme lui, s’embrasse sans s’arrêter.

 

Et puis aussi y’a Dany, qui est sourd comme un pot. Un beau pot de peinture qui déborde et qui déborde. C’est un peintre génial et puis aussi punk et puis aussi sage avec ses rides d’expérience et son sourire d’enfant qui fait pleurer son regard de vieux.

 

Et y’a San Juan, le chef des jongleurs, et puis Charly le roi de la marionnette un peu philosophe, un peu révolté. Et, Lolo la trapéziste/maman à paillettes. Et aussi Marcella, qui ouvre sa maison et sa douceur à Marine et Moïse.

 

Et, puis y’a Cécilia qui se bat contre la pollution et les plantes transgéniques ultra répandues ici. Et, toutes les maladies que les humains récoltent à trop vouloir d’oseille.

Ils se battent tous pour un monde plus juste. Que l’on considère la Terre comme notre Mère.

Le hangar transformé en école de cirque coquette et chaleureuse a une toute petite porte d’entrée. Elle pourrait être, à n’en pas douter la porte de la maison des 7 nains et de Blanche neige qui ramène sa pomme. Cette porte a une serrure. Cette serrure s’ouvre à l’aide d’une clé. Et cette clé, chaque personne citée plus haut, l’a.

Si on était tous chrétiens je dirais de cet endroit que c’est la maison du bon Dieu ou du petit Jésus. Ce lieu appartient à tout le monde, et pourtant, il est, dans la réalité au père de Matias et de ses yeux heureux.

Des enfants viennent prendre des cours ici, de cirque bien sûr ou même de théâtre.

Et, tous ces gens-là avec leur grandeur d’âme, de combat et d’actions, sont heureux de nous recevoir. Ils nous attendaient avec impatience. Maintenant que nous y sommes. Ils boivent nos paroles. Nos propositions de jeu comme si ils ne voulaient pas en perdre une miette.

Ils sont magnifiques ces gens-là! Leur humilité est une leçon de vie.

Hier soir, nous avons fait une variété ensemble. Un pur bonheur!

Bon ça a commencé deux heures et demi (véridique!) après l’heure annoncée mais le public était là, en retard mais bien présent.

Leur décontraction et leur naturel détend le groupe. Et sur scène cette détente joyeuse peut même nous rendre drôle là où on était dramatique.

 

Sébi a vécu 10 minutes de piste, tout seul, avec ses couteaux, ses massues, sa balle de ping-pong et ses haches. Un aperçu, sûrement de son futur spectacle. Le public riait, frétillait, se serrait les coudes quand les lames entraient en piste. Sébi fut grand hier soir.

 

Sébas lui, déchira la scène avec Dany qui, lui, déchira son tee-shirt. Deux chanteurs un peu dingues, et deux micros qui gueulent: « A moi, personne ne me dit ce que je dois faiiiiiiire!!!! ni ma mère, ni le gouvernement, ni mon beau pèèèèèère… ». Et, tout en chantant, les deux mecs cinglés se jetaient des couches de peinture rouge sur le corps et les habits. Tout en en laissant sur scène et sur le pied de micro… on est rockeurs ou on l’est pas! Et comme clou de leur numéro de punk: une grosse galoche entre hommes!!! yeah!!!

 

Lucho était équilibriste hier, sur ses deux bras, comme ça. Pendant que Dany, et sa guitare jouaient une chanson écrite pour son grand père mort dans les mines. Sur ces mots déchirant, Lucho et ses grandes jambes résistaient à la force terrestre afin de rester suspendu comme ça, sur ses deux mains, les pieds en l’air. Ce numéro expérimental a mis de l’émotion dans ce petit hangar.

 

 

 

 

Moi, dans cette ambiance, je me suis sentie de faire un numéro de danse du ventre et puis comme c’était pas assez fou, Elice et son monstre à cheveux m’ont rejointe.

 

Il y avait aussi les marionnettes et Charly et les paillettes de Lolo. Et le numéro de tissus avec les quatre filles de l’escuelita sur l’air de « l’accordéoniste » de Piaf, répété à Lens Lestang quelques mois plus tôt. Et, y’avait aussi les jongleurs. Et le clown présentateur et Matias géniallissime et ses balles de tennis dans les verres en plastique qui nous a fait rire et nous a ému en même temps comme seuls les grands savent le faire.

 

Je vous l’ai dit les Variétés sont de mieux en mieux, et nous réalisons de plus en plus comme ça nous ouvre des moments de création.

Tout le monde, chez les galapiats en est un peu là dans sa vie d’artiste, ça tombe bien, ils en profitent, et nous tous avec eux.

 

 

 

Ce soir, je vous l’ai annoncé, ils jouent « Risque ZérO » à l’Université. Pendant que Marine et Lucile écrivent des centaines de cartes postales avec nos gueules dessus, je vous écris ce petit mot dans un café au centre de San Luis.

 

Gautier et Luc font réglages et balances dans le joli théâtre tout en bois.

Pendant que les « vagabonds/polissons » se préparent à faire frissonner la foule de cette ville tout en y déposant quelques rêves dans leurs poches.

 

 

 

Nous partirons lundi pour un autre pays. Le Chili. Peut-être pour un tout un autre monde. Certains d’entre nous n’ont pas envie de quitter cette terre argentine. C’est vrai que le monde vu de ce pays il est bien beau. Et surtout les humains, vus de cette partie de la planète, ça donne des ailes et ça rend fier!

Bon nous n’avons fait que passer. Nous n’avons peut-être pas eu le temps de voir les côtés sombres de toutes ces petites têtes.

Mais, je vous assure les amis, cette générosité et cette humilité, ça nous donne des leçons et ça fout des espoirs dans nos horizons.

 

 

 

 

Je vous quitte pour un bon bout de temps car nous nous séparons durant une semaine. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions tous à Santiago au Chili. C’est les vacances pour chacun de nous et ça, ça ne se raconte pas sur notre blog…

 

En attendant de vous retrouver du côté du Pacifique, je vous souhaite une délicieuse semaine sur cette vaste planète bien belle…

 

émilie

 

Respire

Nous sommes encore pleins de cette lenteur. De ce vent dans les herbes sèches. Du maté qui tourne à en perdre la pipette. Du feu qui donne son parfum de bois. Des montagnes arides qui nous protègent. Des cabanes en paille qui nous abritent des rayons. De l’eau glacée de la rivière qui nous renvoie en enfance. Les regards sont pleins de silence. Du silence qui cohabite avec le souffle, avec le vent, les animaux, le soleil et la nuit. Les sourires sont remplis d’espace. Et de ciel et d’étoiles. Un temps de souffle, de silence et de respiration. Un instant de paix au rythme des tortues.

Les adorables tortues qui nous accueillent ici sont en train de créer leur lieu d’habitation dans la montagne à  45 minutes  de leur petite école de cirque dans laquelle nous sommes accueillis. Il faut faire encore 5 kms après avoir passé le petit village avant d’arriver à l’immense terre assoiffée qui voit pousser les cabanes en paille, en bois, et en… (ah ! non la brique c’est que pour les cochons !) bouteilles en plastique.

Ce lieu un peu Extra ordinaire se nomme  Ecoaldea   (le nom vous en donne la couleur…)

Nous nous laissons guider. Nous dépendons des gens qui nous ouvrent les bras. Nous suivons leur pas, leur énergie, leurs envies. Le temps d’adaptation est de plus en plus court. Chaque personne du groupe semble gagner de la souplesse. Chacun bien sûr a besoin de dire  « JE » très fort de temps en temps, ça secoue tout le monde un petit moment, et puis chacun  se refait un espace de liberté. Pas si facile d’écouter ses besoins et ceux du groupe. Quand, par chance ça va dans le même sens, notre force se trouve amplifiée, quand ça se contredit, les tensions naissent. Bien sûr, tout cela existe mais toujours, toujours la joie revient. La conscience de vivre une aventure extraordinaire ne s’est pas tarie pendant ces semaines. Nous prenons tous soin de ce cadeau.

Ils nous ont réservé deux jours pour vivre là-bas. Pour y lézarder ok mais aussi pour donner une variété juste à côté de leur refuge et cela à 17h. Ces tortues-là sont passionnées de cirque bien sûr, et nous allons jouer ensemble. Chuca est toujours là, fidèle et de plus en plus heureux de partager cette piste avec les galapiats. Nos artistes, eux commencent à prendre goût à ces petits cabarets. Leurs propositions sont différentes à chaque fois, ça donne de l’air et de la vivacité à leur jeu.

Le lieu de la variété d’aujourd’hui est magnifique, c’est en pleine cambrousse waouwww… 17h : personne… ce bout de champ a été joliment appelé la place des«  Pinches Cabrones » (traduction littérale : putains d’épines !). Et aujourd’hui c’est l’inauguration ! J

18h, après quelques aller/retours au village, Chuca et son camion/bus ramène quelques gamins du village. Deux ou trois couples curieux sont aussi venus se piquer le cul sur les putains d’épines de la « place ». Il est 18h45. Le soleil commence à faiblir, les artistes commencent.

Et bien les amis, il était divin ce public… les enfants et leur bouche ouverte, les adultes et leur sourire d’enfant ou leur larme de crocodile.

C’était magnifique dans ce désert paradisiaque…

Tout portait une saveur d’éternité…

Pourquoi  venir faire du cirque ici ?

 Pour vingt personnes émerveillées ?  Pour faire du trapèze avec les montagnes ? Pour nous remettre à notre place face à la grandeur du monde ? Pour une petite fille qui, à la fin, danse au centre de la piste face à des gens qui vivent dans un pays lointain ? Pour le jeune jongleur d’ici qui mord la scène ouverte et qui tient la fierté dans ses mains ? Pour Lucho ? Pour Jonas ? Pour Lucie ? Pour Nelly qui saisit des figures ? Pour Luc qui fait vibrer la guitare électrique dans ce no man’s land ? Pour Chuca  qui se régale de surfer sur les airs galapiesques ? Pour le raconter à nos enfants ?

Dans ce lieu hors du temps, l’eau n’est pas dans les éviers (aucun évier d’ailleurs !) et l’électricité n’est pas encore arrivée… peut-être, sûrement, elle n’y arrivera jamais.

Dans ce lieu grandiose et pur, nous avons respiré, respiré, respiré tous les 13, ensemble au même rythme. L’espace nous a fait oublier la promiscuité. Les heures qui bâillent et qui bâillent ont balayé le stress de Buenos Aires, et la tension du travail.

Elice et Sebi ont dormi à la belle étoile sur le tapis de bascule. Le ciel était tout nu hier soir, sans voile de lumière, sans retenu.

Les autres ont lancé leur tente « 3 secondes » de Décathlon… et se sont cassés le dos sur des ridicules tapis de sol !

Au grand matin, les montagnes nous ont réveillés à tour de rôle. C’était carrément cool comme réveil !

Malgré l’absence d’horloge le temps a fini par passer.

Après un passage à la rivière, nous posons à nouveau pied en ville.

Plein de désert tranquille, nous allons continuer notre chemin en Argentine, au Chili et même plus loin encore, en tortue, en serpent ou en chien…

Un peu l’impression, parfois, que ce voyage durera toujours, nous prenons habitude, mais nous le savons, ça se finira. Et peut-être aussi que chacun de nous portera cette trace et que ça nous changera et que l’on se souviendra de notre belle étoile, des tortues, de Chuca, des chansons, des feus de joie, du coin perdu et des regards.

A « l’école western », après notre passage, l’institutrice a été contactée par les autorités. Ils ont lu les articles, et peut-être ont rencontré des gens qui avaient croisé le voisin de celui qui est venu avec son petit ce jour-là. Les autorités, elles se sont dit qu’il fallait récompenser l’école pour cette initiative. Ils ont offert aux 8 petits cowboys un ordinateur et une imprimante… alors peut-être aussi que cela sert à ça. Il n’y a rien d’héroïque à faire du cirque en Amérique du sud, à la campagne. Ils sont juste heureux de jouer là, de prendre le bon air et de faire vibrer. Ce sont des petites choses de gamins circassiens qui, pourtant changent la vie de certains, c’est sûr. En Argentine ou ailleurs, ces artistes-là scrutent leur feu intérieur, tremblent quand ils ne voient que des braises, appellent la flamme, et s’il faut la hache pour trancher le bois, elle n’est jamais très loin. Ca n’a rien d’héroïque et pourtant leur chaleur nous éveille, nous éclaire, nous rend plus vivant. Peut-être que c’est ça être artiste ? Peut-être… Peut-être que c’est notre devoir à chacun de nous, afin de réchauffer les cœurs qui sont morts de froids ? Peut-être…

émilie

 

San luis

Dernière étape de l’Argentine.

Nous avons fait plus de la moitié du voyage. Jusque là, nous avons vécu ici sans compter le temps parce que nous en avions justement. Aujourd’hui, nous prenons conscience que nous avons plus de choses derrière que devant.

Ca fait quelque chose.

Dans une semaine, le 4×4 tirant la remorque  se dirigera vers la frontière chilienne. Nous décidons par réunions interposées : Qui va dans cette voiture ? Qui veut en avoir la responsabilité ? Qui a en a envie ? Qui peut le faire ?

Ce passage peut être épineux, très épineux, nous le savons depuis le début.

Le planning prévoit une semaine pour traverser la Cordillère des Andes.

Pour ceux qui seront dans le 4×4 : peut-être une semaine à gérer les problèmes rencontrés par la douane et tout faire pour que ça passe, pour les autres : Vacances… jusqu’à Santiago au Chili…

Cela fait quelques jours que nous avons quitté Villa Mercedes et cela paraît loin déjà.

Ici c’est bien différent. A part peut-être la baba cool attitude. Le rythme est lent. Les horaires sont élastiques. Lucile nous l’avait dit «A San Luis rien n’est vraiment organisé, enfin c’est un peu plus flou qu’ailleurs… ». Jonas est le référent du lieu. Ce flou lui laisse le champ libre à l’organisation…

Marine réclamait une réunion depuis le début du voyage pour parler d’une éventuelle tournée l’année prochaine en Europe de l’Est. Le planning le leur permet enfin.

Nous sommes en plein cœur de leur rêve, au centre de l’Argentine, et nos esprits se tournent vers l’Est en Europe. Les discussions sont passionnelles comme toujours. Les gueules sont libres et les visages combattifs. Chacun réclame son temps de parole. Chaque avis compte. Et si parfois on se laisse aller à réduire une décision à la majorité, le « pas d’accord » se bat pour qu’on ne l’oublie pas ; pour que sa voix ne soit pas noyée dans le groupe. Et chacun écoute. C’est passionnant.

Pour cette semaine : Une variété vendredi soir à la petite école de cirque qui nous accueille. L’horaire annoncé pour cette variété : 19h, mais voilà vu l’élasticité des minutes, ça ne commencera pas avant 21h ! Oh la vache ! c’est comme cela ici… « ce n’est pas un lieu formel » voilà ce qu’ils nous ont dit… bon alors… si c’est pas formel…

Samedi soir, Risque zérO se joue dans le théâtre de l’Université de la ville. Nous allons voir le vieux théâtre tout en bois. Ouaw… les artistes jettent un coup d’œil à la hauteur, à la couleur, à la chaleur, ils décident, ils adaptent. Risque ZérO est plus à l’aise dans un chap c’est sûr, dans la rue parfois, ou dans un quartier c’est vrai, bon là c’est plus précieux, plus « formel », ils vont réduire, couper ce qui va le plus haut afin que tout entre dans le cadre… Ils n’ont pas l’air frustré de ça… sûrement parce que ça change… qu’au théâtre de l’Université de San Luis, ils sont à l’opposé de l’ambiance de Villa 21 ou de «  l’école western ». Ils veulent TOUT vivre ces galapiats !

émilie

Faire la vache shakespearienne en Argentine

Nous voici depuis deux jours à Villa Mercedes. Ville plutôt grande du centre Argentine. C’est la ville la plus friquée qu’on ait rencontrée. Ca se sent dans l’architecture. La place sur laquelle va jouer « Risque ZérO » aujourd’hui est presque luxueuse.

Pelaso est clown. De part sa coupe de cheveux et ses habits nous le reconnaissons vite. Il organise un festival de Clown/Circo depuis 5 ans : « Chapa Chapita Chapon » (à dire ensemble en gueulant et en faisant de grands gestes… pour être dans l’esprit du festival bien sûr…) Il a une organisation anarchiste, c’est ce qu’il nous dit en arrivant. Je n’ai rien contre les anarchistes, mais dit comme ça, ça m’a un peu fait peur. Il s’avère que l’anarchiste Pelaso est entouré de sa femme et d’autres organisateurs, certes baba cool, mais très efficaces. Ca roule…

Nous dormons tous dans une maison… même plus peur ! On est rôdés !

Petit hommage sur ce blog à la nourriture végétarienne et surtout équilibrée qu’ils préparent pour toutes les équipes du festival ! C’était absolument nécessaire, indispensable dans notre parcours culinaire argentin. Entre les machines ultra puissantes à la laverie et la nourriture plus que nourrissante, nous commencions à ne plus rentrer dans nos fringues !

Nos galap’ ont déjà fait une variété ici au sein d’un quartier, dans un comedor (une cantine). A chaque fois, c’est l’évènement pour les gens qui nous accueillent. Nancy travaille dans un magasin et fait vivre ce comedor depuis des années. Elle connait toutes les familles, et elle sait que ce moment sera précieux pour les habitants d’ici.

Le lendemain de notre passage, les enfants dessinaient des acrobaties, des massues volantes, des femmes à la crinière noire… la tornade « galapiat » était passée.

L’accueil est toujours dantesque dans chaque lieu, dans chaque ville, village, quartier. Les artistes essaient de donner le meilleur. Pas toujours facile car ils jouent tous les jours. Mais ici nous réalisons (peut-être encore plus qu’en France) combien il est important de considérer les représentations que nous donnons comme un cadeau. Et à chaque fois, le cadeau est unique.

Ici, tous les matins : Cours de clown avec un grande profesor de payaso de Buenos Aires !

Il s’appelle Daniel. Il peut foutre un peu les chocottes quand on le voit pour la première fois. Avec son allure toute maigre et son faciès non souriant. Et, puis pendant les cours, son non sourire nous fait rire… c’est la magie du clown…

Daniel, le prof : «   Shakespeare a fait demander à Hamlet : être ou ne pas être ? Nous, aujourd’hui, nous vivons la réponse… »

Si vous pouviez envoyer vos idées, commentaires, pensées, suggestions, histoires, blagues ou autres à propos de cette phrase ; elle me plaît, mais j’ai besoin de vos lanternes pour éclairer la grandeur de cette pensée philosophique…

Excepté Hamlet, l’inoubliable de ces moments clownesques c’est le flamand rose ou la vache faits par Lucile Mulliez… Enorme !

Aujourd’hui, c’est le 3 octobre.

Parenthèse technique.

Ici dans le groupe de 13 : 4 ordinateurs. Tout le monde en a besoin pour appeler sa chérie restée en France, pour mettre de la musique pendant son atelier, pour charger les photos prises dans la journée, pour retranscrire les interviews de la veille, pour envoyer des mails de relance pour vendre « Risque zérO pour 2013 », pour écrire des textes pour le Blog. Nous avons tous des bonnes raisons. De plus, nous ne voulons pas rater l’essentiel de ce qu’il se passe autour de nous (spectacles, ateliers…). Pour en parler, il faut d’abord le vivre… Ce qui produit toujours la même situation : Nous réclamons les ordinateurs en même temps !!! La Mierda !!! Bon, c’est un détail mais qui est bien présent dans notre quotidien je vous assure. Et cela vous explique aussi pourquoi je ne peux pas vous écrire tous les jours. « Ooooo la connerie de ne pas avoir pris mon ordinateur »… voici la phrase redondante du voyage !

Quelques jours sont donc passés depuis le début de ce texte.

Risque ZérO a été joué. La foule était au rendez-vous. Le public debout. Emerveillé. Beaucoup nous disent : « je n’ai pas de mot pour qualifier ce que j’ai vu » ou « je n’ai jamais vu de spectacle comme cela, c’est incroyable ». Nous nous régalons…

Sans ce spectacle personne ne serait là aujourd’hui. « Risque zérO » c’est un peu « la messe » laïque pour l’équipe. Tout le monde se réunit pour entendre toujours les mêmes paroles qui nous font du bien, qui nous redonnent toujours le sens de notre passage ici.

Nous partons déjà ce soir. L’étape de Villa Mercedes est presque derrière nous. Ici, nous avons mangé à tous les repas avec les autres artistes (Argentins, Chiliens) du festival. Ici, ceux qui jouent aiment regarder les copains. Ils sont toujours enthousiastes avant, pendant, après les représentations des autres. Est-ce pour soutenir ? Ou aiment-ils vraiment tout ce qui se fait ? En tout cas, cette attitude crée une ambiance paisible dans laquelle chacun a sa place avec sa différence et son niveau. Les propositions de jeu semblent être plus faciles à faire grâce à cette bienveillance. Marine a dit une phrase hier soir, qui semble peut-être naïve vue de loin mais de près, elle ressemble bien à des sensations que j’ai pu ressentir : « les gens ici on dirait qu’ils n’ont pas de méchanceté ! » C’est vrai qu’ils sont tous un peu « Hippies » (comme ils disent) Amour, Amour, Amour… C’est parfois un peu caricatural pour nous, mais il faut bien avouer que c’est bien agréable…

Hier soir, Summum du « Hippisme » ! Feu dans une cours. Guitare. Un homme avec un bol tibétain. Chant. Danse. Que c’était bien !!!!!!!! Vive les Hippies !!!!

Gautier ce matin au petit-déjeuner : « on s’est bien mis la race hier soir ». (ça, c’est pas très hippie comme phrase… plutôt « galapiesque » !)

                                                         Des nouvelles de Gautier d’ailleurs : il a lu 20 pages de son livre hier. Il en est à la page 150. Yeah !

Ciao Villa Mercedes. Direction San Luis. Dernière étape avant la frontière du Chili.

A bientôt amigos.

émilie

 

 

 

 

Traces, clown, écriture « Le clown à la découverte d’un nouveau monde »

Compagnie Nez4C, Emilie Bonnafous

Explorer des espaces nouveaux de création en soi. Des chamboulements pour mettre toujours en lumière nos habitudes de jeu, de réaction, de création. Le clown a faim de liberté. Il grignote les terres et dénichent les sources sèches. C’est un processus sans fin qui demande continuellement de l’attention et de la nourriture. Emilie est clown et auteur. Ces deux activites sont intimement liees. Ses ecrit portent l’energie du clown qui s’actualise sans cesse dans le present. Son travail ici, est de rendre compte de tout le cheminement intérieur et extérieur de ce voyage à travers des ecrits sur le blog, a travers du jeu partage avec les galapiats en piste sud americaine. Toute cette matiere sera rassemblee au retour afin d’en faire un livre avec Sebastien.

Mais nous pouvons également suivre ses premières impressions très régulièrement pendant le voyage par les textes et récits qu’elle met en ligne sur ce blog…

Sébastien Armengol, fera lui, la récolte d’images via son appareil photo. Il est photographe et se faufile dans le quotidien afin d’en ramener quelques bribes. La finalité du projet est la réalisation d’un ouvrage fait de ses textes et de ses photos.