Tout le monde a la clé

Francés, Inglés

Dans cette escuelita, il y a des cactus, une petite cuisine, une chambre, une salle de bain, une table à maté, et des cailloux sur le sol.

 

Et puis, il y a Matias qui a de grands yeux ouverts sur le monde. Ses mots semblent venir du coeur ou d’un endroit comme ça où l’allégresse extra légère existerait.

Il vit avec une jeune demoiselle, Jimenez, qui a trois enfants/chiens. Les seules bêtes tranquilles et sans tiques ou puces qu’on ait croisés en Argentine.

Ces deux amoureux vivent dans l’escuelita. Elle, elle arrose tous les soirs les plantes qui, comme eux, respirent l’air généreux de ce lieu de vie.

 

Et puis, il y a Ronda, qui est belle comme le jour, et fine comme une feuille. Elle parle avec son sourire et ses dents et offre toute sa lumière au cirque et même plus.

 

Et puis bien sûr, Renaldo, qui a eu sûrement une vie qui ne ressemble pas à celle de ceux qui sont nés le même jour que lui, car il est né comme cela, avec ce qu’il est.

Il est là dans ce lieu atypique, il aime tout le monde et il est aimé, c’est sûr. Il distribue avec le coeur gros comme son ventre, des câlins à tout le monde, comme ça, pour rien, toute la journée, et exige que tout le monde, comme lui, s’embrasse sans s’arrêter.

 

Et puis aussi y’a Dany, qui est sourd comme un pot. Un beau pot de peinture qui déborde et qui déborde. C’est un peintre génial et puis aussi punk et puis aussi sage avec ses rides d’expérience et son sourire d’enfant qui fait pleurer son regard de vieux.

 

Et y’a San Juan, le chef des jongleurs, et puis Charly le roi de la marionnette un peu philosophe, un peu révolté. Et, Lolo la trapéziste/maman à paillettes. Et aussi Marcella, qui ouvre sa maison et sa douceur à Marine et Moïse.

 

Et, puis y’a Cécilia qui se bat contre la pollution et les plantes transgéniques ultra répandues ici. Et, toutes les maladies que les humains récoltent à trop vouloir d’oseille.

Ils se battent tous pour un monde plus juste. Que l’on considère la Terre comme notre Mère.

Le hangar transformé en école de cirque coquette et chaleureuse a une toute petite porte d’entrée. Elle pourrait être, à n’en pas douter la porte de la maison des 7 nains et de Blanche neige qui ramène sa pomme. Cette porte a une serrure. Cette serrure s’ouvre à l’aide d’une clé. Et cette clé, chaque personne citée plus haut, l’a.

Si on était tous chrétiens je dirais de cet endroit que c’est la maison du bon Dieu ou du petit Jésus. Ce lieu appartient à tout le monde, et pourtant, il est, dans la réalité au père de Matias et de ses yeux heureux.

Des enfants viennent prendre des cours ici, de cirque bien sûr ou même de théâtre.

Et, tous ces gens-là avec leur grandeur d’âme, de combat et d’actions, sont heureux de nous recevoir. Ils nous attendaient avec impatience. Maintenant que nous y sommes. Ils boivent nos paroles. Nos propositions de jeu comme si ils ne voulaient pas en perdre une miette.

Ils sont magnifiques ces gens-là! Leur humilité est une leçon de vie.

Hier soir, nous avons fait une variété ensemble. Un pur bonheur!

Bon ça a commencé deux heures et demi (véridique!) après l’heure annoncée mais le public était là, en retard mais bien présent.

Leur décontraction et leur naturel détend le groupe. Et sur scène cette détente joyeuse peut même nous rendre drôle là où on était dramatique.

 

Sébi a vécu 10 minutes de piste, tout seul, avec ses couteaux, ses massues, sa balle de ping-pong et ses haches. Un aperçu, sûrement de son futur spectacle. Le public riait, frétillait, se serrait les coudes quand les lames entraient en piste. Sébi fut grand hier soir.

 

Sébas lui, déchira la scène avec Dany qui, lui, déchira son tee-shirt. Deux chanteurs un peu dingues, et deux micros qui gueulent: « A moi, personne ne me dit ce que je dois faiiiiiiire!!!! ni ma mère, ni le gouvernement, ni mon beau pèèèèèère… ». Et, tout en chantant, les deux mecs cinglés se jetaient des couches de peinture rouge sur le corps et les habits. Tout en en laissant sur scène et sur le pied de micro… on est rockeurs ou on l’est pas! Et comme clou de leur numéro de punk: une grosse galoche entre hommes!!! yeah!!!

 

Lucho était équilibriste hier, sur ses deux bras, comme ça. Pendant que Dany, et sa guitare jouaient une chanson écrite pour son grand père mort dans les mines. Sur ces mots déchirant, Lucho et ses grandes jambes résistaient à la force terrestre afin de rester suspendu comme ça, sur ses deux mains, les pieds en l’air. Ce numéro expérimental a mis de l’émotion dans ce petit hangar.

 

 

 

 

Moi, dans cette ambiance, je me suis sentie de faire un numéro de danse du ventre et puis comme c’était pas assez fou, Elice et son monstre à cheveux m’ont rejointe.

 

Il y avait aussi les marionnettes et Charly et les paillettes de Lolo. Et le numéro de tissus avec les quatre filles de l’escuelita sur l’air de « l’accordéoniste » de Piaf, répété à Lens Lestang quelques mois plus tôt. Et, y’avait aussi les jongleurs. Et le clown présentateur et Matias géniallissime et ses balles de tennis dans les verres en plastique qui nous a fait rire et nous a ému en même temps comme seuls les grands savent le faire.

 

Je vous l’ai dit les Variétés sont de mieux en mieux, et nous réalisons de plus en plus comme ça nous ouvre des moments de création.

Tout le monde, chez les galapiats en est un peu là dans sa vie d’artiste, ça tombe bien, ils en profitent, et nous tous avec eux.

 

 

 

Ce soir, je vous l’ai annoncé, ils jouent « Risque ZérO » à l’Université. Pendant que Marine et Lucile écrivent des centaines de cartes postales avec nos gueules dessus, je vous écris ce petit mot dans un café au centre de San Luis.

 

Gautier et Luc font réglages et balances dans le joli théâtre tout en bois.

Pendant que les « vagabonds/polissons » se préparent à faire frissonner la foule de cette ville tout en y déposant quelques rêves dans leurs poches.

 

 

 

Nous partirons lundi pour un autre pays. Le Chili. Peut-être pour un tout un autre monde. Certains d’entre nous n’ont pas envie de quitter cette terre argentine. C’est vrai que le monde vu de ce pays il est bien beau. Et surtout les humains, vus de cette partie de la planète, ça donne des ailes et ça rend fier!

Bon nous n’avons fait que passer. Nous n’avons peut-être pas eu le temps de voir les côtés sombres de toutes ces petites têtes.

Mais, je vous assure les amis, cette générosité et cette humilité, ça nous donne des leçons et ça fout des espoirs dans nos horizons.

 

 

 

 

Je vous quitte pour un bon bout de temps car nous nous séparons durant une semaine. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions tous à Santiago au Chili. C’est les vacances pour chacun de nous et ça, ça ne se raconte pas sur notre blog…

 

En attendant de vous retrouver du côté du Pacifique, je vous souhaite une délicieuse semaine sur cette vaste planète bien belle…

 

émilie

 

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