Archivo de la categoría: Emilie-Cie Nez4C (textes), Lucie Plessis (dessins) & Sébastien Armengol (photos)

Jours off

Pour la poésie, la chaleur crée une ambiance intéressante, pour le reste : les fourmis partout, la sueur, la torpeur, c’est un peu rude…

 

Entre deux  « saunas », la télé vient et revient dans le campement. Ils interviewent la smala. Ils filment les deux « terrasses » les plus originales. Ici c’est un peu la compète entre Gautier (et Hélène) et Sébi à celui qui aura son devant de caravane le plus décoré. Sébi a un mini jardin potager animé par des kens et juste à côté Gautier et Hélène dégainent le nain de jardin et les tulipes qui s’allument la nuit.

 

Ce soir, c’est « the party » dans le chap. Le festival s’est terminé hier. La fête aujourd’hui c’est pour les bénévoles, les artistes etc…

 

Jusqu’à samedi c’est off pour toute l’équipe. Certains vont visiter les fonds d’un lac à 200 kms de là, d’autres vont rester autour du site pour garder le campement. Nous allons tous, d’une manière ou d’une autre chercher des subterfuges pour que nos corps perdent quelques degrés.

Le rendez-vous est pris : samedi après-midi pour le démontage.

Lundi : départ pour Prague. Il parait qu’il y fait plus frais. 🙂 (Emilie qui n’aime pas la chaleur, pourtant originaire de Narbonne !)

C’est pour ça que nous sommes là!

Grâce à Lucie qui garde Pablo j’ai pu aller au cœur du foyer, j’ai pu aller dans la fournaise, j’ai pu de nouveau assister à « Risque zérO ».

J’ai pu de nouveau comprendre pourquoi nous sommes ici, pourquoi nous faisons le tour du monde, pourquoi nous mangeons du « cassoulet hongrois » en plein été, pourquoi nous écrivons un carnet de voyage sur la tournée en Amérique du sud, pourquoi les gens sont si gentils avec moi quand je vais boire une bière le soir.

Pourquoi ?

Parce que tout le long du spectacle, et jusqu’à tard dans la nuit ou même plus, les personnes qui se trouvent sous la toile des Galapiats se retrouvent booster d’une énergie, d’une connerie, d’une joie, d’une envie de crier, d’un désir d’exister à fond !

Pourquoi ?

Impossible de dire. Ca n’a rien à voir avec la perfection d’une performance. Toujours y’a un truc qui foire et on serait presque déçu si c’était autrement. Il est peut-être préférable de ne pas trop se poser la question, on risquerait d’établir une théorie ou une formule magique… alors disons que c’est  la chance, le travail, le mystère de la life ou un petit peu de tout ça…

Ici, il n’y a pas de place pour tout le monde sur les bancs des gradins. Alors quand les portes s’ouvrent ici, les gens courent s’assoir comme si, même quand on est rentré c’était pas gagné !

Et, pourtant hier soir, nous, public et eux sur scène étions tous en nage. On dégoulinait à grosses gouttes. Tout ce qui tombait sous la main jouait l’éventail. Jamais ils n’ont autant mouillé leur maillot pour faire frissonner le public.

 

 

 

Et, puis…on a attendu la fraîcheur… vainement…

40 °

Les 40 degrés dans la journée nous donnent une cadence presque routinière.

Nous guettons l’ombre. Une brise légère nous met tous en émoi.

Dans le chapiteau de 19h à 20h45, c’est carrément la fournaise. Luc se creuse la cervelle pour chercher une solution. Peut-être devant la ventilation une pyramide de bouteilles d’eau bien fraîche ?

Le temps en devient presque figé comme nos corps alanguis. L’herbe est matière paille.

Ce matin, un camion de pompier est venu arroser le terrain.

En dehors des répétitions la journée nous évitons de trop brasser. Dans nos caravanes, bus, camions, il fait meilleur que dehors, alors chacun se repose du chaud chez soi. Nous combattons la moiteur avec la seule arme en notre possession : la douche d’eau… tiède…grrrr

Concernant la bouffe, chers amis, Sébi est ravi mais pour les autres, on a un peu de mal avec les plats en sauce ou les soupes sous 40 degrés mais c’est sûrement une question d’habitude !

Quand la fraîcheur s’invite le soir, les yeux se réveillent. Nous nous réunissons enfin autour d’une bière bien fraîche et du repas pris au stand d’à côté.

Sur le même terrain, juste à côté du chapiteau, une grande scène s’anime tous les soirs grâce à des groupes de musique. A 21h, dès que « Risque zérO » se termine, le gros son se réveille. Nos caravanes en tremblent tellement la puissance sonore est élevée. Pablo, lui, dort on ne sait pas comment.

Malgré le fait qu’on en ait plein les oreilles, c’est bon de rencontrer tous les soirs les Hongrois et autres groupes venus jouer à ce festival aux trois clochers. Nous rencontrons « Les Apostrophés », français circassiens, qui font le tour du monde sans mot dire avec leur spectacle plein de tours de jongle. Un groupe de musique de l’hexagone est là aussi : « Wombo orchestra », de Créons à côté de Bordeaux, potes des « Circa Tsuica » du Cheptel Aleïkoum.

A l’est de l’Europe, là où le climat est continental, on y voit aussi des potes de potes qui viennent jouer, et puis, entre nous, comme à la maison, on guinche, on est content de s’y trouver !

Et le public de ce petit coin de la Hongrie, est là, avec son enthousiasme déconcertant face à chaque proposition artistique.

Risque zérO joue à guichet fermé. L’organisateur du festival, Lazlo, nous a prévenus : il risque d’y avoir « du marché noir ! »

Pendant le spectacle, chaque soir, certaines personnes se tiennent autour de la toile. Ils suivent le spectacle de l’extérieur, ils rient quand ils voient Sebas courir comme un dératé.

Quand la fraîcheur arrive enfin le soir, on a envie de danser, nos corps peuvent enfin se laisser aller, les esprits deviennent légers et pris dans l’élan et bien on peut par exemple, se raser la tête, se sentir punk en Hongrie comme ça pour le fun !!! (Sébi)

On the road again

Hongrie.

Une chaleur épaisse et moite règne sur le site.
Chapiteau jaune, caravanes, semi-remorque sur herbe sèche. La compagnie Galapiat au complet… ou presque… est implantée pour 15 jours dans le village de Kisharsany à 35 kms de Pecs, à prononcer Petch.

C’est un des trois lieux du festival Ordogkatlan.
Moïse et Marine ne sont pas là. Marine est sur le point de mettre au monde leur fille en France. Peut-être à l’heure où j’écris ce texte d’ailleurs.
Son « collègue » Pablo est là, avec son mois et demi de vie, en Hongrie, il porte dans son nom l’accent argentin. A l’automne dernier, les deux bébés ont été conçus en Amérique du sud, dernier grand voyage de la compagnie.
Aujourd’hui, c’est une contrée bien différente que nous découvrons.
Aujourd’hui, ce projet qu’ils entament est tout autre. Le rêve cette fois était de partir avec les caravanes, le chapiteau, en Hongrie et République Tchèque. Planter l’univers galapiat sur leur terre aride avec toujours le cirque comme trait d’union.

31 juillet 2012, tout le monde est arrivé : Hélène, qui remplace Marine, est chargée de toute l’organisation de cette tournée, Gautier, Luc, Lucho, Jonas, Sébi, Elice, Sébas, Matthieu Gary, comme les autres l’appellent, parce que c’est son nom sûrement, qui remplace Moïse, ou plutôt qui va jouer au sein de Risque zérO, pour un mois et demi, Thomas, le frère de Jonas qui va aider et partager ces jours d’été, Lucie, jeune demoiselle aux doigts qui dessinent et Emilie(ou moi) qui va tenter de vous retranscrire l’ambiance d’ici entre deux tétées…

Le blog sera fleuri cette fois des dessins de Lucie, des photos de Sébas et des textes d’Emilie.

Pour arriver jusqu’ici : plusieurs jours de voyage, plusieurs jours de galère, de panne et d’accident.

 

L’aventure de l’Europe de l’est est lancée : une caravane rouge (celle de Seb et émilie) est restée en Italie, après maintes lacets sur l’autoroute face à la méditerranée, elle a fini par plier. En humain, rien n’est blessé. A part des traces de tristesse, tout va bien.
Le tracteur de la semi a toussé. Brendan a dû gérer, accompagné de Régis. Ils ont allongé les kilomètres. Ce fut rude.


Et, pour finir, le bus de Lucho a pété une durite sur l’asphalte brûlant entre la pression du planning et de l’atmosphère, c’est en Allemagne qu’il a dû faire halte.
Pour arriver ici, certains sont passés par l’Italie, la Slovénie, la Croatie, d’autres ont traversé l’Allemagne et l’Autriche.
A chaque arrêt, la langue se transforme, les visages et monnaies se changent et s’échangent.
Le cirque nous amène dans cette partie du monde.
Dans ce coin chaud de la planète, on y mange à 18h le soir, on s’y lève très tôt le matin. Dans ce coin-là, on y mange des trucs que, nous français, on ne connait vraiment pas. Des bouillis, des soupes, des mélanges étonnants, détonants : confiture et sucre glace, sur pâtes à la semoule par exemple…
Le rythme auquel nous nous plions ne nous est pas vraiment naturel, et pourtant, avec cette température, ils ne rechignent pas à se lever tôt afin de laisser la sieste régner sur leur début d’après-midi.

 

Comme en France nous avons nos maisons sur roulettes (enfin ceux qui ne l’ont pas perdu en chemin !), le chapiteau, nos repères mais tout le reste sorti du campement nous est étranger. Une seule personne semble y être comme chez lui c’est Sébi, avec ses racines polonaises.
Les gueules semblent « sorties pour certaines d’un film de Kusturica », dit Sébas.
C’est avec ces gueules-là que le chapiteau fut monté.
La langue est bien loin de la nôtre.
Heureusement, il y a Attila, un hongrois qui parle anglais et hongrois bien sûr… pratique car ici ben pas grand monde parle anglais… alors c’est vrai que pour communiquer c’est pas si facile ! On a beau dire que le hongrois ressemble au finois, même Elice en perd son latin !


Depuis hier, les galap’ travaillent à la reprise de rôle de Moïse. A cause des pannes et accident de parcours, ils ont perdu un jour de travail avec Mathieu. Ils avaient quand même déjà bosser autour de cette reprise de rôle à Saint Agil avant de partir. Ce soir, ils font un filage. Le pari est bien sûr que Mathieu arrive à se faire une place entre ces 5 bougres, pour un temps, pour deux festivals.
Dans le campement, à l’heure des répétitions surtout, beaucoup de personnes viennent nous visiter. C’est un grand évènement l’implantation du chapiteau et du cirque déjanté de Galapiat… nous sommes dans un tout petit village…
Et, c’est sur le terrain de foot à l’allure de désert que nous avons posé pied à terre.
Nous atterrissons. Tout se met en place doucement.
En direct de l’avant festival en Hongrie, à l’heure de la sieste, je vous envoie ces quelques lignes… attention c’est brûlant !