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Diké

Un peu plus d’un mois à l’est de l’Europe et on rentre à la maison !
Ce soir, la dernière de « Risque zérO » pour le festival Letni Letna à Prague. Voilà une série de 12 qui s’achève.

Ils sont un peu crevés (mais pas tant que ça…).
Ici, ils ont connu une sorte de routine. Des habitudes qui s’inscrivaient un peu plus dans le temps qu’à l’accoutumée. 3 semaines à Prague et parfois il fallait l’écrire pour s’en rendre vraiment compte ! Heureusement, nous avons eu beaucoup de visites sur le campement. Nos amis et familles venus partager notre bout de vie de nomades « sédentarisés » en République tchèque nous ont fait sortir, nous ont donné le goût à ce que nous étions en train de vivre de grand, nous ont fait rire, nous ont donné de la tendresse, nous ont gardé Pablo pour que je puisse écrire ou vivre autre chose, nous ont rappelé le sens de ce que nous faisions.
Merci à Thomas, Dorothée, Vanessa, Sophie, Catherine, Alain, Lucile, Charlotte, Rodrigo, Fanny, Anja, Matleena, Elsa, Marion, Béa, Lucie, Lorenzo et Aurore.

Cette tournée fut sans Moïse, et sans Marine. Violeta était présente dans nos conversations, dans nos rêves parfois même. Pablo a préparé le terrain. Ca y est les galap’ connaissent les pleurs, les poussettes qui tangent toute la journée, les sourires qui explosent les carapaces et les bains qui inondent la semi-remorque ! Vivement qu’ils soient 2…

Matthieu a fait, pour un temps, pour ici, partie de la compagnie Galapiat en risquant sa peau sous la toile. Le nez de clown, il n’en a pas voulu, ça c’est Moïse et presque on l’en remercie… Il a su remplir sa tâche avec application, cœur, et rage mais toujours il savait qu’il était de passage et que derrière, Momo reprendrai sa place. A priori, c’était difficile. C’était sans compter le professionnalisme et la délicatesse de Matthieu Gary !
Et, bien sûr, il y a Hélène aussi qui a remplacé Marine. Ce n’était pas une affaire aisée non plus. Nous connaissons les qualités des artistes, je les exprime souvent. Mais nous savons aussi que le revers de la médaille de cette énergie libre et débordante, c’est la force de leur caractère et de leur exigence. Hélène a géré tout cela d’une main forte et subtile. Ici surtout à Prague, il a fallu négocier des passes pour nos visiteurs, il a fallu parlementer sans arrêt, elle l’a fait sans se dégonfler. Chapeau bas !
Le spectacle a fait vibrer les esprits hongrois et tchèques, on l’a vu, on l’a vécu, et c’était beau à vivre ! Hier, Hélène disait qu’il suffisait de regarder les visages pour se rendre compte que beaucoup de personnes dans le public vivaient une vraie aventure, un voyage pendant plus d’une heure-et-demi. Les standings ovations n’étaient pas rares et beaucoup de spectateurs nous ont rapporté des mots qui parlaient de l’émerveillement qu’ils avaient reçu. Nous ne voyageons pas pour rien. Ici, le cirque contemporain n’est pas monnaie courante. Le « Risque zérO » ouvre des portes que, peut-être ils ne soupçonnaient même pas.
Pour Hélène, Lucie, Aurore et moi qui avons beaucoup vu le spectacle (Marine reste indétrônable !), et bien les artistes continuent à nous transporter. Il y a une magie, il y a une énergie, un je ne sais quoi qui nous fout la banane et nous fait danser les zigomatiques jusque dans les pieds. C’est bon. C’est grâce à vous messieurs et madame les saltimbanques. C’est grâce à votre connerie assumée. C’est grâce à votre passion travaillée. Merci.
Et puis bien sûr il y a Gautier et Luc qui gèrent les soucis techniques. Pendant qu’il répare l’accordéon ou qu’il va chercher le costume oublié dans la caravane, l’autre veille, éclaire ce petit monde et tente que tout le matos revienne entier au bercail avec Régis, Brendan ou Erwan. C‘est précieux.
Et, comment oublier ? Il y a Lucie qui nous a régalés autant par ses dessins que par son rire lumineux.
Et, à côté, au-dessus, en dessous, il y a Lucile, et puis Alain et bien sûr François. Nous sommes tous ensemble en Bretagne, à Prague, en Hongrie, en Argentine, au Chili ou au fin fond de la cambrousse. C’est ensemble que tout cela se fait.
En général, à la fin du spectacle on remercie les partenaires financiers, la mairie de Langueux, la région Bretagne, L’institut français etc… c’est vrai que sans eux, on ne serait pas là… mais sans chacun de vous non plus ! Diké (merci en tchèque)
Il est prévu encore beaucoup de voyages avec « Risque zérO » mais aussi avec les nouvelles formes de chacun qui sont en train d’éclore.
La vie s’écoule, nous offre tout son lot de péripéties, de changements, de création en tout genre. Et pendant que le temps passe, pendant que la roue tourne, nous on prend les chemins pour toujours explorer, partager, repousser les frontières, visiter les limites, se questionner toujours, remettre au centre de la piste, et jouer, toujours jouer, ne pas oublier de jouer, surtout…
A très bientôt sur la route.
émilie

République Tchèque vs Argentine

Il y a un an nous étions à Buenos Aires.

Il y a un an nous fêtions ses 28 ans en Argentine.

Sous le grand saule pleureur, au bout du campement, on a fait un chemin de lumière avec des lampes à huile. Tout l’après-midi, on a préparé la fiesta surprise pour le birthday du roi. Gâteau au chocolat et mojito à gogo pour Lucho. Il a 29 ans. Sous l’arbre tombant, on a chanté et ri, on a fêté la vie à Prague en Tchéquie.

En 2014, peut-être on les lui fera souffler en Finlande ou en Pologne. Il en aura 31…

Ce soir, dans le stade, juste à côté 70 000 personnes viennent voir le match de foot : République Tchèque/Argentine !

Ils parlent d’un grand tour du Risque, une « tournée  baltique ». Je n’ai pas fini d’écrire l’itinérance, l’errance, la grandeur du monde et le saut de joie !

Ce soir, ça y est ils entament la dernière ligne droite. 4 spectacles d’affilés, la dernière série ici à Letni Letna.

La machine à fumée et l’accordéon étaient épuisés du soufflet. Luc et Gautier ont dû intervenir pour que le show must go on.

Dans les conversations, de plus en plus souvent, nous parlons de la fin de la tournée. Matthieu se prépare sans doute à quitter le spectacle, à quitter l’équipe, à quitter le camion d’Elice et Sébi qu’il a habité pendant un mois et demi.

Aujourd’hui, à Prague le ciel est gris, parfois même c’est la pluie. Nous sommes là dans un coin de verdure, tranquilles, nous faisons ce que nous avons à faire, nous grignotons du chocolat, nous mangeons de la soupe de courge, nous buvons de la bière tchèque, du coca américain ou du vin chilien…

Douce soirée à vous les amis…

Adieu Lacrimae

Ici, entre les chap, ça vient se voir, ça se retrouve au catering, ça s’offre des fleurs car ça s’en va.

Ici, entre deux siestes ou deux spectacles, dans la journée, au cœur de la toile, ça saute, ça jongle, ça fait du fil mou, et ça balance pas mal.

Cours de trapèze ballant dans le chap jaune. C’est informel, c’est improvisé, mais on a tous envie d’y aller, ou presque. Professeur : Elice.

Cours de corde volante dans le chap rouge. Quand on a vu le numéro dans le cabaret l’autre soir (« Lacrimae »), Hélène a eu envie de voler… professeur : Fanny de la compagnie  « Cahin-caha ».

Les artistes du cabaret sont de Suède, de Finlande, de République Tchèque, de France. Trois compagnies ont créé ce spectacle en 5 jours. De longs fils blancs les relient sans cesse les uns aux autres. C’est leur scéno, c’est leur idée. Ils tissent, ils tricotent, ils s’emberlificotent pendant 1h30. Ce cabaret est éphémère, et ça y est, c’est fini ! La plupart des artistes sont parti aujourd’hui.

Le spectacle vivant fait de l’instant, de ce qui naît, de ce qui meurt, sa nourriture. Dès qu’il tente de s’échapper de ce qui est son essence même, il ternit, il s’assèche. Chaque jour, chacun de nous fait le deuil de l’instant d’avant et tente de jouir le plus librement possible de ce présent renouvelé sans cesse. Tout le monde connait cela. Pour les artistes, c’est leur pain quotidien.

Matthieu s’est blessé au pied. Un hématome s’est installé. Hélène et Matthieu sont allés à l’hôpital. Rien n’est cassé mais pour ce soir et les 5 autres représentations, il faut adapter. Les Galap’ ils n’ont pas l’air de paniquer. Ils savent sûrement que le corps peut être cassé, blessé ou en jachère. Que ça fait partie du jeu, qu’il y a des jours où on gagne, il y a des jours où on perd, il y a même des jours où on est hors-jeu.

Après « Lacrimae », d’autres équipes vont faire sauter leur corps et leur poésie à côté.

Ils font le montage ce matin. Un des artistes tombe de la coupole. Rien de très grave mais la main est abîmée, il ne pourra pas jouer.

Nous avons passé le cap de la moitié des représentations. Beaucoup d’amis sont partis du campement. Thomas et Dorothée ont quitté Prague à cheval sur leur moto ce matin. La maman d’Elice est là depuis quelques jours ; elle reste avec nous jusqu’au bout.

Notre mode de vie peut être précaire. Parfois même difficile quand on perd sur la route le cocon de son intimité. Mais n’est-ce pas là une réalité de nos existences ? Que finalement tout est toujours à remettre au centre de la piste, que tout se joue chaque soir sous la toile, dans nos chaumières, ou dans nos cœurs bien plus grands et plus solides que nos maisons à roulettes.

Adieu Lacrimae et hop !

 

PS : La phrase du jour : Matthieu Garry vite !

Faits divers, faits d’été

Lucile est arrivée sur le campement. Hier soir, « Risque zérO » s’est donné avec toute la sueur nécessaire. Elle a découvert le spectacle avec un Mathieu Garry. Elle a découvert des petites choses inventées depuis peu. Sébi qui se crame le cul. Sébas qui joue du concertina.

Pablo grandit, grossit, s’éclate dans le bain.

Dorothée, la copine de Thomas a vu le spectacle pour la première fois hier soir. « Mais ils sont fous, mais ils sont fous… » a-t-elle répété pendant toute la représentation.

D’autres shows se font autour de nous : Lacrimae des compagnies Cahin Caha (France), Cirkus Cirkör (Suède) et La putyka (Rép. Tchèque), puis dans un autre chapiteau,  La vie des 7 doigts de la main (Canada).

A la fin de « notre » Risque zérO, le public est debout.

Aurore tente de percer le mystère des ruelles de Prague.

Catherine et Alain combattent la chaleur à grand coup de pédales à vélo.

Nos 2 amis hongrois reporters nous filment sous toutes les coutures.

Une cession de réunions commence. Entre les 12 dates, ils continuent à cogiter, à construire, à déconstruire, à polémiquer. Le thème du festival des mouettes réveillent toujours autant de passion et d’enthousiasme chez eux. Ca fuse dans tous les sens. On pense aux copains qui vont faire swinguer « le grand pré » et ça nous réjouit. Demain, le thème : le port d’attache pour les marins/circassiens/bretons Galapiat.

Les orages nocturnes s’invitent à Prague.

L’ambassadeur des Etats-Unis est venu, avec son polo, son short et ses chaussettes aux genoux.

La bouffe du catering est délicieuse. Petites boulettes de viandes, beaucoup de sauces en tout genre, soupes à gogo… tout ça ne parait pas vraiment de saison et pourtant on en redemande.

C’est officiel la Suède adoooOoore « Risque zérO »

Seb et Emilie se font un bateau-mouche, bientôt la montgolfière.

Lucie dessine sous un saule pleureur.

La ville est belle mais son ventre grouille de touristes. C’est l’été, c’est normal. On tente de l’imaginer avec un peu plus de Tchèques et un peu moins de chinois, français, espagnols, américains…

Luc et Gautier semblent branchés sur la même longueur d’ondes.

A l’heure de la sieste mercredi, Mathieu lit un bouquin sous le pin, Jonas, Lucho, Sébi, Elice dorment, Pablo non.

Les artistes de Lacrimae se maquillent dans l’algéco juste à côté. Leur spectacle commence à 19h, juste après, certains artistes courront voir « Risque zérO », maquillés encore, pas le temps de se doucher.

Quand la nuit tombe, la bière s’invite en terrasse de nos maisons à roulettes.

Catherine et Alain s’en vont ce matin. Pour Charlotte, le départ c’est ce soir.

Gautier et Hélène déménagent et quittent le ronronnement du groupe électrogène; ils s’implantent dans le quartier sud du campement.

Entre les grands arbres du parc « Letna » à Prague, on regarde les jours, les nuits et les amis passer.

 

21 € la place

Sur la colline qui surplombe la ville, dans le parc au nom de Letna nous sommes posés avec caravanes, semi-remorque, chapiteau, camions, linge qui sèche et nain de jardin. Nous oublions parfois que toutes ces petites choses qui entourent, qui cadrent nos existences de nomades peuvent être vues comme un joyeux bordel. Ici c’est un peu ça.

La ville que l’on voit en prenant le petit chemin après avoir passé les barrières et bien chers amis, c’est Prague. La superbe,  l’impressionnante avec ses bâtiments grandioses, ses pavés qui bercent les enfants qui osent arriver jusqu’à elle.

« Letni Letna », c’est le nom du festival, qui accueille des pointures quand on regarde de près le programme. Au milieu entre deux pointures, on peut y reconnaitre des nus pieds : Galapiat-cirque et son « Risque zérO ».

Si vous voyiez ça les amis… d’ailleurs certains d’entre vous le voient… car ici, nous habitons avec amis et famille qui sont venus passer un bout de vie avec nous dans le campement. Les sœurs Vanessa et Sophie, le frère Thomas, les parents Catherine et Alain, le copain brésilien Rodrigo, la copine de Mathieu Fanny, Aurore, on ne la présente plus, Charlotte, notre reine du CA, et puis d’autres à venir, habitent avec nous pour un temps. Nous oublions parfois que toutes les personnes qui nous entourent, qui cadrent nos existences de nomades peuvent être vues comme un joyeux bordel. Ici c’est un peu ça !

A l’entrée, au niveau des barrières, ici c’est badge obligatoire. Des hommes de la sécurité nous le rappellent. Ils commencent à connaître nos ganaches pourtant mais rien à faire, la règle oblige.

Petit problème pour l’assurance : qui assure les copains venus nous rendre visite ? Ils n’avaient pas pensé qu’on pouvait transformer nos camions en chambre d’amis… ils voulaient les mettre au parking nos chambres mobiles, on n’était pas bien d’accord. Et, puis la semi-remorque, ils voulaient aussi la mettre ailleurs, mais ils n’avaient pas pensé non plus que deux galapiats avec leur bambin transformaient cet espace en lieu de vie le temps d’une tournée, le temps de se retourner après un accident de caravane en Italie.

« Si on accueille pas nos amis, notre famille ici ou ailleurs, en tournée, on ne les voit pas, ce sont nos maisons, nos modes de vie tout simplement. » C’est ce qu’Hélène a expliqué à la directrice du festival.

Mais on a beau chercher des cases où on pourrait entrer, l’assurance elle, n’arrive pas à nous caser.

12 représentations de « Risque zérO » nous attendent.

Un marathon de cirque.

Au programme : une série de suées à 21h sous le chap jaune du 19 août au 2 septembre.

Pour la température, elle est plus basse qu’en Hongrie mais ça remonte tout doucement.

Au programme : entre deux représentations approcher les mille clochers de la ville à pied, en bateau mouche ou en pédalo.

 

Le festival Letni Letna, ça commence ce soir ! One, two, three… start !!!